Le départ du Tour de France est marqué par un changement d’époque. Après 28 ans de présence dans les pelotons, AG2R-La Mondiale transmet les rênes de l’équipe cycliste à Decathlon qui cherche un nouveau partenaire pour changer de braquet avec un budget annoncé au-delà des 40 M€ dès 2026. Du jamais vu pour une formation française.
Decathlon prend le pouvoir. Il s’agit d’un changement d’actionnariat de France Cyclisme, la structure juridique de l’actuelle équipe Decathlon-AG2R, dont la marque multisports deviendra l’unique propriétaire à la fin de l’année à la place de l’assureur. L’annonce a été faite en marge du Tour de France dont les quatre premières étapes se sont déroulées dans les Hauts-de-France, fief des deux entreprises. Tout un symbole.
C’est également une page qui se tourne dans l’histoire du cyclisme français. Le changement de propriétaire de France Cyclisme met un terme à la présence dans le peloton d’AG2R qui était sponsor de l’équipe depuis 1997 et sponsor principal depuis 2000 ! « Il y a beaucoup d’émotions de laisser les rênes », admet Delphine Stricker, directrice de cabinet de Fabrice Heyriès, le directeur général d’AG2R. L’assureur transmet le flambeau pour « poursuivre l’héritage de l’équipe et la porter vers de nouveaux sommets », indique Fabrice Heyriès. Presque trente ans, AG2R La Mondiale ne regrette pas son choix d’avoir misé sur le cyclisme. « Le vélo a été pour nous un booster de notoriété. Avec le football et le rugby, le Tour est l’un des rares événements diffusés gratuitement à la télévision », explique Delphine Stricker.
Ce changement n’est pas non plus une surprise pour les suiveurs du cyclisme professionnel. Arrivé début 2024, Decathlon est rapidement monté en première ligne avec des ambitions très affirmées. Et aussi l’envie de s’affranchir de l’image d’une équipe à l’esprit familial, ce qui a notamment conduit au licenciement brutal du manager historique Vincent Lavenu l’été dernier. Fort de ses excellents résultats en 2024 (6e équipe mondiale), confirmés par 16 victoires cette saison, la formation désormais dirigée par Dominique Serieys, ancien directeur de Mitsubishi Motor Sports et de la Paris-Défense Arena, ne veut pas s’arrêter là. Alors que le budget de l’équipe s’élève déjà à 28 M€ cette saison, « le plan est d’être au-dessus des 40 M€ dès 2026 », indique Céline Del Genes, responsable de la relation client chez Decathlon. De quoi donner à l’équipe des armes pour rivaliser avec les plus grandes formations du peloton, financées pour certaines par des fonds souverains ou assimilés (UAE, Bahrein).
Un nouveau partenaire en approche
Une ambition inédite pour une formation française. Pour atteindre ce palier, un nouveau partenaire d’envergure devrait arriver. Viendra-t-il de la galaxie Mulliez à laquelle appartient Decathlon ? Le dossier est « très avancé », « nous sommes confiants de pouvoir communiquer le nom d’ici la fin du Tour de France », le 27 juillet à Paris, assure Céline Del Genes. Il y a quelques semaines, la piste menant à L’Oréal avait été évoquée, puis démentie. « Notre objectif c’est d’entrer dans le Top 5 puis le Top 3 mondial et de gagner le Tour de France d’ici 2030 », affirme Dominique Serieys, qui mise notamment sur la pépite française Paul Seixas, 18 ans, considéré comme un futur crack. Dans l’ensemble, Decathlon mise sur les jeunes, d’autant que, souligne son directeur, « tous les gros leaders sont sous contrat jusqu’à 2030, sans même parler de la valeur de leurs contrats ».
En attendant, l’équipe veut se concentrer sur les classiques, les sprints et les Monuments comme Paris-Roubaix. Le recrutement a été opéré en conséquence avec les arrivées attendues du sprinteur néerlandais Olav Kooij et le Belge Tiesj Benoot. La création d’une équipe féminine est par ailleurs confirmée pour 2027.