Symbole centenaire des 24 Heures du Mans, la passerelle Dunlop change de nom en 2026 pour devenir la passerelle Goodyear. Une annonce au croisement de l’héritage, du sponsoring et de la recomposition industrielle des manufacturiers de pneus.
À compter de l’édition 2026, l’un des repères visuels les plus iconiques du sport automobile mondial abandonne l’appellation Dunlop. La célèbre passerelle située après la chicane éponyme portera désormais le nom de Goodyear. La structure restera identique, mais son habillage visuel évoluera aux couleurs bleu et blanc du manufacturier américain. Le virage attenant doit lui aussi être renommé, renforçant la visibilité de la marque tout au long du tour de piste.
Au-delà de la passerelle, Goodyear annonce une présence renforcée sur l’ensemble du site, avec la rénovation du Goodyear Racing Club, de la tribune située près du musée des 24 Heures et des espaces hospitalité. L’ACO (Automobile Club de l’Ouest) confirme ainsi un partenariat élargi autour de l’événement d’endurance le plus exposé au monde.
« Le Mans est l’événement majeur de la saison d’endurance et la clé de voûte de l’héritage de Goodyear en course automobile. (…) La présence renforcée de notre marque sur le circuit reflète notre vision de l’avenir et notre passion pour l’innovation en compétition automobile », indique Xavier Fraipont, vice-président Global Racing de Goodyear, soulignant l’enjeu patrimonial et commercial de ce choix.
Ce qui explique ce changement de nom
La décision trouve son origine dans la recomposition industrielle du secteur. En 2025, Goodyear a finalisé la cession de la marque… Dunlop au groupe japonais Sumitomo Rubber Industries pour un montant d’environ 701 M$. L’opération concerne l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie, mettant fin à une situation paradoxale où Goodyear exploitait encore, dans le sport, une marque devenue concurrente. « Nous optimisons notre portefeuille et réduisons notre endettement afin de créer une valeur durable et substantielle pour nos actionnaires », justifiait Mark Stewart, président-directeur général de Goodyear, lors de l’annonce de la cession. Dans ce contexte, maintenir le nom Dunlop sur l’un des supports de communication les plus visibles du sport automobile mondial n’était plus tenable.
Pourquoi l’annonce est majeure
La passerelle Dunlop ne se limite pas à un élément d’infrastructure. Depuis 1923, elle incarne un exemple précoce de naming intégré au paysage sportif. Pendant plus d’un siècle, la marque britannique a bénéficié d’une exposition internationale continue, associant sa marque à la fiabilité, à la performance et à l’endurance, des valeurs clés pour un équipementier pneumatique.
Son changement de nom marque donc une rupture rare dans l’économie symbolique du Mans. Pour Goodyear, il s’agit d’un levier de visibilité mondiale, activé sur un événement suivi dans plus de 190 pays, et fréquenté chaque année par plus de 300.000 spectateurs. L’opération renforce la cohérence entre statut de fournisseur officiel en LMP2 et LMGT3 et prise de parole visuelle forte sur le site. Avec 14 victoires au classement général des 24 Heures du Mans, la marque américaine dispose en outre d’un capital sportif solide pour légitimer cette appropriation patrimoniale, dans un contexte de concurrence entre manufacturiers sur le terrain du sponsoring premium.
Pour l’ACO, ce changement s’inscrit dans une logique de valorisation accrue de ses actifs commerciaux, sans altérer l’ADN du circuit. L’histoire du Mans évolue, mais continue de servir un modèle économique fondé sur des partenariats globaux, capables de conjuguer héritage, exposition médiatique et investissements structurants.
