En octobre 2008, ARD lançait une bombe dans le paysage médiatico-sportif. Ecoeurée par la multiplication des affaires de dopages dans le cyclisme, et particulièrement par ceux de Stefan Schumacher et Bernard Kohl, deux coureus de l’équipe Gerolsteiner, la chaîne publique allemande renonçait à la retransmission du Tour de France 2009. ARD revient aujourd’hui sur sa décision.
La valeur sportive du Tour de France a considérablement diminué en raison de la multiplication des affaires de dopage, avait indiqué le président d’ARD, Fritz Raff, en octobre dernier. L’intérêt d’une diffusion a donc également considérablement diminué, avait-il ajouté. Alors pourquoi ce volte-face ?
ARD tenue par son contrat
La raison officielle tient à l’attitude des organisateurs du Tour de France, Amaury Sport Organisation (ASO). Le Tour a une attitude exemplaire sur la lutte contre le dopage et n’est pas responsable des cas de tricherie, indique Roman Bonnaire, responsable du cyclisme chez ARD, au quotidien L’Equipe (propriété comme ASO du groupe Amaury). Est-ce à dire que ce n’était pas le cas à l’automne dernier ? La véritable raison est contractuelle. ARD est engagée avec l’Union européenne de radio-télédiffusion (UER), qui regroupe 75 diffuseurs publics d’Europe, pour la diffusion de la Grande Boucle jusqu’en 2011. Contrai-rement à ce que pensaient ses dirigeants, il n’a pas été possible de se défaire de cet engagement.
La chaîne publique allemande ne peut s’y soustraire, indiquait Fritz Pleitgen, président de l’UER en novembre. L’ARD s’est déjà engagée en commun pour l’Allemagne avec la ZDF en janvier pour la période 2009-2011, pour un montant global de 6 millions d’euros par an, précisait-il, soulignant que le comportement d’ARD était contraire aux règles de l’UER. Il avait alors brandi la menace des dommages et intérêt que pourrait réclamer ASO, si la course, très populaire en Allemagne, devait ne pas être diffusée. Difficile aussi d’imaginer que la chaîne puisse se permettre de payer les droits sans diffuser le Tour. Comment l’expliquer aux contribuables allemands soumis à la redevance télé ?
On se souvient qu’en 2007, les chaînes publiques ARD et ZDF avaient claqué la porte du Tour de France en pleine compétition, après l’annonce du contrôle positif du coureur allemand de la T-Mobile, Patrick Sinkewitz. En 2008, les deux chaînes étaient pourtant bien présentes dans la caravane du Tour.
Interrogé sur le sujet l’an passé, le Directeur des sports de France Télévisions, Daniel Bilalian, avait réaffirmé de son côté son soutien à Amaury Sport Organisation. Bilalian avait expliqué que pour France Télévisions, qui est une entreprise de service public, le Tour n’est pas une simple compétition sportive : c’est un monument historique qui réunit chaque année en juillet une dizaine de millions de Français sur le bord de la route et autant devant leurs téléviseurs. France Télévisions avait renouvelé au début de l’année 2008 son accord avec ASO pour la période 2009-2013. Outre le Tour de France, l’accord porte sur les autres épreuves organisées par ASO, telles que les courses cyclistes Paris-Roubaix, Paris-Nice, la Flèche Wallonne, Paris-Tours, Liège-Bastogne-Liège, le Critérium international, le Tour du Faso, le Tour de l’Avenir, le Tour du Qatar, ainsi que le Dakar et diverses courses comme le marathon de Paris. L’accord, confidentiel, serait de 23 millions d’euros annuels, somme réévaluée de 2% chaque année.
Finalement, ARD diffusera donc le Tour cet été en alternance avec l’autre chaîne publique, ZDF. Son traitement sera simplement raccourci : ARD diffusera la dernière heure des étapes, contre quatre l’an passé.