Guerre en Ukraine, crise de l’énergie, menace de récession… Malgré un contexte économique tendu, la voile semble flotter au-dessus des vagues. La Route du Rhum 2022, édition de tous les records avec 138 bateaux inscrits, confirme l’attrait des sponsors pour la course au large. Pourquoi un tel engouement ?
La voile n’est pas le seul sport permettant à une entreprise en recherche de notoriété de trouver son bonheur. Mais si on s’intéresse aux disciplines où le partenaire donne son nom à l’équipe, la concurrence se réduit au cyclisme et aux sports mécaniques. Ce premier argument assure une visibilité importante, capable de faire la différence auprès des partenaires.
Dans un sport où le système économique est entièrement basé sur le sponsoring, les entreprises ont à disposition un important espace d’expression. La voile apparaît comme un vecteur idéal de communication interne, comme externe, avec l’imaginaire qu’elle suscite et la possibilité de fédérer sur le long terme. La course au large a aussi une image très positive. « C’est un sport qui met en avant l’humain dans tout ce qu’il a de meilleur », selon Thierry Bouvard, directeur du sponsoring et du mécénat chez Banque Populaire, le sponsor de la voile par excellence avec 33 ans d’expérience. Chefs d’entreprise et skippers ont d’autant plus de facilité à se comprendre qu’ils partagent une culture commune, celle de l’entreprenariat. « Pour nous, un skipper est exactement comme un entrepreneur. Il y a un parallélisme exceptionnel », poursuit Thierry Bouvard.
Des retombées importantes
Tout le monde ne dispose pas des moyens de Banque Populaire, capable d’investir dans la construction d’un géant des mers en Ultim, pour lequel le coût de construction est estimé entre 15 et 18 M€, et d’un IMOCA, les bateaux du Vendée Globe, dont les dernières générations à foils demandent entre 7 et 8 M€ d’investissement. Mais par l’éventail des classes, le jeu reste ouvert au plus grand nombre. Un Ocean Fifty, des multicoques plus petits que les Utims, coûtera environ 3 M€. Sur un programme de quatre ans, le coût descend sous le million par an. La construction d’un Class40 coûte entre 500.000 et 800.000 €. Après, il y a aussi le budget de fonctionnement (entre 300.000 et 500.000 €). Avec des retombées exponentielles à la clef lorsque la victoire frappe à la porte. Vainqueur l’an dernier de la Transat Jacques-Vabre dans la catégorie Ocean Fifty, Primonial estime les retombées en équivalent d’achat publicitaire entre 4 et 6 M€. Banque Populaire investit 7,5 M€ par an dans la voile (le groupe soutient Armel Le Cléac’h en Ultim, Clarisse Crémer en Imoca, mais aussi les équipes de France olympique et les écoles de voile). Sur le Vendée Globe 2016-2017 avec Clarisse Crémer, le groupe a calculé des retombées de 22 M€. Elles étaient de 56 M€ quatre ans plus tôt pour la victoire d’Armel Le Cléac’h.
Emmanuel Macron présent pour le départ de la Route du Rhum
Le Président de la République est attendu à Saint-Malo, pour assister au départ de la Route du Rhum – destination Guadeloupe, dimanche 6 novembre. Il devrait embarquer dans une frégate de la Marine nationale et assister au lancement de la course, au large de Cancale. Il ne devrait cependant pas donner le top départ, lequel sera prononcé à bord d’un autre bateau.
Jamais un président de la République en exercice ne s’est déplacé pour la Route du Rhum. Un seul Premier ministre l’avait fait : Édouard Balladur en 1994.