L’université d’Arizona signe un accord inédit de 20 ans et plus de 60 M$ avec Casino Del Sol, entreprise de la tribu Pascua Yaqui. Un partenariat hors norme, mêlant droits de dénomination et ancrage communautaire, illustration de la puissance économique du sport universitaire américain, à mille lieues du modèle français.
L’Arizona Stadium, stade de football américain de 50.000 places, s’appelle désormais « Casino Del Sol Stadium ». L’université d’Arizona a officialisé un accord de 20 ans valorisé à plus de 60 M$, soit le plus important contrat de naming jamais signé dans la conférence Big 12 (à l’origine, 12 universités étaient rassemblées au sein de cette conférence, elles sont 16 aujourd’hui, ndlr). Arizona State détient toutefois le contrat le plus lucratif annuellement avec son accord de naming de 50 M$ sur 15 ans (3,33 M$ par an) avec Mountain America Credit Union.
Un choix fondé sur un long processus d’analyse, comme l’explique Desireé Reed-François, à la tête du département des sports de l’université d’Arizona : « Nous avons examiné la valeur des actifs, effectué un benchmark du marché et étudié la modélisation des termes… Nous recherchions un partenaire qui aurait un impact et valoriserait la communauté. Nous l’avons trouvé en Casino Del Sol. »
Un acteur tribal au cœur du partenariat
Outre qu’il s’agit d’un casino, l’accord revêt une autre dimension singulière : le partenaire est une entreprise tribale, Casino Del Sol est la propriété de la tribu Pascua Yaqui. Pour Julian Hernandez, président du conseil de la tribu Pascua Yaqui, l’accord représente un « moment de fierté » pour la communauté et pour Tucson où se trouve l’université. Le partenariat s’étend au-delà du sport avec des projets éducatifs, culturels et sociaux, confirmant la portée territoriale de l’opération.
Le naming s’accompagne d’un ensemble de droits et d’activations avec une signalétique spécifique dans et autour du stade, la présence du logo du casino sur le terrain, etc. Casino Del Sol entend capitaliser sur cette exposition alors que son nouveau complexe Vahi Taa’am d’environ 14.000 mètres carrés, ouvrira en 2027. « Ce partenariat nous permet de partager notre histoire sur l’une des plus grandes scènes du sport universitaire », souligne Amanda Sampson Lomayesva, directrice de Casino Del Sol.
Un levier vital pour les finances d’Arizona Athletics
Face à la hausse généralisée des coûts, ce partenariat constitue une ressource essentielle pour l’université. Pour Reed-François, « nous devons être proactifs dans nos efforts pour augmenter les recettes. Les ressources sont essentielles pour donner à nos entraîneurs et à nos étudiants-athlètes toutes les chances de concourir au plus haut niveau. »
En plus des fonds dirigés vers le département des sports de l’université, les nouveaux revenus tirés du naming iront à la modernisation des installations et à l’amélioration de l’expérience fan.
Le sport universitaire américain, un marché économique structuré
En sécurisant ce contrat record, Arizona Athletics s’impose comme l’un des acteurs les plus dynamiques du marché. L’association avec une entreprise tribale ajoute une dimension identitaire rare, tout en soulignant la maturité économique d’un modèle universitaire sans équivalent ailleurs dans le monde.
Cet accord illustre aussi la nature profondément commerciale du sport universitaire aux États-Unis. Les droits TV, les contrats de naming, les partenariats ou encore le partage des revenus en font un secteur économique structuré, générant des centaines de millions de dollars à l’échelle du pays. À l’inverse, en France, le sport universitaire demeure un espace purement éducatif et amateur, sans marché associé, sans droits de retransmission et sans véritable attractivité commerciale. La comparaison éclaire la singularité du modèle NCAA, capable de s’appuyer sur des marques, des audiences et des stades proches de ceux du sport professionnel.

