Cristiano Ronaldo ne laisse rien transparaître de ses soucis judiciaires. Il a marqué avec la Juventus Turin, tranquille vainqueur de l’Udinese (0-2), ce week-end dans le championnat d’Italie. Mais le Portugais, visé par des accusations à propos d’un viol supposé en 2009 à Las Vegas, voit son image éclaboussée. Une première dans sa carrière.
Après avoir déjà raté deux matchs début septembre, le quintuple Ballon d’or ne rejouera plus avec le Portugal cette année. Depuis l’élimination du Portugal en huitièmes de finale de la Coupe du monde, le 30 juin, Cristiano Ronaldo n’a plus revêtu le maillot national. Et il ne le portera donc plus en 2018. Après avoir déjà fait l’impasse sur les matchs internationaux de septembre, CR7 a de nouveau demandé à ne pas être convoqué pour les quatre prochains rendez-vous de son pays en octobre (en Pologne et en Ecosse) et en novembre (en Italie et contre la Pologne). Le mois dernier, il avait justifié son absence par sa volonté de se consacrer à son nouveau club, la Juventus Turin, qu’il avait rejoint quelques semaines plus tôt. Cette fois-ci, les raisons de sa non-convocation sont plus obscures. «Il y a eu une conversation entre le joueur, le président de la Fédération et le sélectionneur. Je n’en dévoilerai pas les détails. Mais nous sommes tombés d’accord sur le fait que le joueur sera absent de deux futures convocations, celle-ci donc et la prochaine, en novembre», indique simplement Fernando Santos, le sélectionneur lusitanien.
Son absence s’explique en partie par l’affaire. Il y a une volonté de lui offrir du répit médiatique et de préserver le groupe afin d’éviter que les questions tournent autour de ce sujet. Mais le silence médiatique est incompatible avec Cristiano Ronaldo. La Juventus Turin, chahutée en Bourse, lui apporte son soutien en affirmant que les allégations de viol visant son attaquant portugais «ne changent pas son opinion», au contraire de Nike, qui s’est déclaré «profondément préoccupé». Alors que Nike a lancé un plan de communication autour de son image, l’apparition du nom de Cristiano Ronaldo dans la rubrique faits divers tombe mal. D’autant plus que les affaires de moeurs sont très prises très au sérieux outre-Atlantique.
Les partenaires inquiets
«Cristiano Ronaldo a montré son grand professionnalisme et son dévouement au cours des derniers mois, ce qui est très apprécié par tout le monde à la Juventus. Les faits incriminés remontant à presque dix ans ne changent pas cette opinion qui est partagée par tous ceux qui sont entrés en contact avec ce grand champion», le défend la Juventus.
L’affaire ternit l’image du champion d’Europe portugais, la police de Las Vegas ayant indiqué qu’elle allait rouvrir l’affaire, survenue en juin 2009. «Nous sommes profondément préoccupés par ces accusations inquiétantes et continuerons de suivre de près la situation», a réagi un porte-parole de Nike. Avec Lance Armstrong, accusé de dopage, Nike avait tardé à réagir. Mais CR7 dispose d’un statut particulier auprès de l’équipementier. Il est seulement l’un des trois athlètes auxquels la firme à la virgule a accordé un contrat «à vie» en compagnie des stars de la NBA, LeBron James et Michael Jordan. Quant à l’éditeur de jeux vidéo Electronic Arts, qui a fait de la star portugaise l’égérie de son jeu FIFA, il a indiqué « suivre de près la situation car nous attendons de nos ambassadeurs qu’ils se comportent de manière adaptée aux valeurs d’EA. »
Ronaldo, âgé de 33 ans, a démenti catégoriquement avoir violé une Américaine dans un hôtel de Las Vegas en juin 2009, qualifiant le viol de «crime abominable». «Le viol est un crime abominable qui va à l’encontre de tout ce que je suis et de ce que je crois», a-t-il écrit sur son compte Twitter, suivi par 75 millions d’abonnés. «Je refuse de nourrir ce cirque médiatique monté par des gens qui cherchent à se faire de la publicité à mes dépens», a-t-il ajouté, se disant serein et avec «la conscience claire».
Mais les avocats de son accusatrice, Kathryn Mayorga, 34 ans aujourd’hui, qui dit souffrir depuis de blessures psychologiques, affirment qu’elle avait été «très cohérente» en dénonçant l’agression. Après avoir subi depuis des années un traumatisme psychologique, elle dit avoir trouver la force d’attaquer le footballeur grâce au mouvement «Me Too» qui dénonce depuis un an les abus sexuels commis par des hommes de pouvoir. La jeune femme affirme que Ronaldo l’a violée dans un hôtel de Las Vegas avant de lui faire signer un accord financier en échange de son silence.