La semaine dernière, c’était le Paris SG. Cette semaine, l’AS Monaco est la cible des Football Leaks, révélations sur certaines pratiques dans le football.
Mediapart fait de nouvelles révélations à propos du club de la principauté et ses montages financiers destinés à contourner le fair-play financier de l’UEFA. On apprend surtout que l’institution européenne, pas dupe, à surtout « passé l’éponge ».
Le montage aurait été mis en place en 2014 via Hong-Kong et les Iles Vierges. L’opération aurait finalement avorté et l’UEFA aurait en partie « passé l’éponge ». A l’issue de sa saison 2013-2014 donc, l’ASM, vice-champion de France, est qualifié pour la Ligue des champions, un après son retour de Ligue 2. Mais qui dit compétition européenne, dit examen des comptes pour vérifier la conformité avec le fair-play financier afin de ne pas fausser le jeu entre les clubs… Selon Mediapart, Monaco a alors signé un partenariat avec l’agence de marketing AIM Digital Imaging, une « société offshore immatriculée à Hongkong » et chargée de garantir « 140 millions d’euros de revenus à l’AS Monaco pendant dix ans », si le club lui-même n’arrive pas à dégager de telles ressources. En octobre 2014, ce contrat « atypique » aurait été complété par « un accord d’investissement avec City Concept Ventures, une société-écran immatriculée aux Iles Vierges britanniques », censée de son côté « investir 140 millions d’euros par an dans AIM Digital Imaging ».
On touche ici au génial. Mediapart affirme que City Concept Ventures serait en fait un « faux nez » derrière lequel se cache le propriétaire de Monaco, le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev. Le montage lui permettrait donc d’injecter directement de l’argent dans son propre club, en contournant les règles du fair-play financier de l’UEFA. Pour convaincre l’UEFA, Monaco aurait mené tout au long de l’opération « une intense campagne de lobbying » auprès d’Andrea Traverso, responsable du fair-play financier au sein de l’instance, notamment lors d’un « dîner au restaurant étoilé de Joël Robuchon, à l’hôtel Métropole » de Monte-Carlo, un quartier de Monaco. Cela n’a pas empêché la chambre d’instruction de l’UEFA d’ouvrir une enquête sur les déficits du club, pour condamner l’ASM, en mai 2015, à 3 millions d’euros d’amende (plus 10 avec sursis), assortie d’une limitation de recrutement pendant un an. Une douche froide pour l’ASM qui avait recruté la star colombienne Radamel Falcao à l’été 2014. Mais le consortium de journaux européens, la chambre d’instruction aurait toutefois « choisi de fermer les yeux » sur le contrat litigieux avec AIM avec « cet accord amiable particulièrement clément ». Mediapart cite un courriel adressé par Andrea Traverso à un conseiller des dirigeants monégasques, Filips Dhondt : « C’est un accord très favorable comparé à ceux conclus avec d’autres clubs. Très loin de celui du PSG l’an dernier », indique le responsable du fair-play financier.
Détail cocasse : Monaco n’aurait finalement pas pu utiliser son « montage offshore » en raison d’une brouille entre Dmitri Rybolovlev et le patron d’AIM, Bernard de Roos.
Monaco dément
Dans un communiqué, l’AS Monaco dément «fermement» avoir avoir contourné le fair-play financier au travers d’un contrat noué avec une agence marketing. L’ASM ne dément pas l’existence d’un contrat avec l’agence AIM, mais note que ce dernier «n’a jamais été exécuté et à ce titre n’est jamais entré dans les comptes». «L’AS Monaco tient à préciser que ce contrat comprenait les ressources marketing, sponsoring mais également tous les revenus liés à la Ligue des Champions. L’agence devait en fait trouver 30 millions de ressources complémentaires», précise l’ASM. Par an, sur la totalité du contrat ? L’ASM ne le dit pas.
«Le club a été contraint de choisir une stratégie alternative, fondée sur la vente de joueurs afin de trouver les ressources nécessaires à son fonctionnement dans le respect des règles du fair-play financier, insiste l’ASM. Ce sujet justifie une nouvelle fois la politique actuelle qui est la seule stratégie viable économiquement pour Monaco et respectueuse des règlements.»