La finale du Championnat d’Europe de handball, remportée pour la première fois par l’équipe de France, suscite une controverse entre la Fédération française de handball (FFHB), France Télévisions et Canal +. Retransmise par la chaîne cryptée, la finale n’était pas visible pour le plus grand nombre, au grand dam des amoureux du handball.
France 2 ou France 3, chaînes en clair du service public, devaient-elle retransmettre la première finale européenne de l’histoire de l’équipe de France de handball ? Réponse : celui qui diffuse depuis tant d’années la Coupe de la Ligue de football, peut bien reprendre une finale internationale impliquant l’équipe nationale. Plaisanterie – de mauvais aloi ? – mise à part, aucune loi n’oblige France Télévisions à bouleverser ses grilles de programmes sur ce point. La directive européenne, Télévision sans frontières de 1989 dresse une liste d’événements sportifs accessibles en clair. Dans sa liste, la France a inclus les finales des championnats d’Europe de handball (hommes et femmes) si l’équipe nationale y participe. Mais la directive n’impose pas la diffusion obligatoire sur une chaîne en clair. Simplement, celles-ci doivent pouvoir, dans les conditions normales du marché, accéder à ces types d’événements.
L’Euro de handball fait-il le poids face aux Six Nations ?
Autrement dit, une chaîne cryptée, câblée ou diffusée sur satellite, ou encore par ADSL ne peut conserver l’exclusivité de l’événement sans le proposer à une chaîne en clair. Le week-end dernier, Canal +, détenteur des droits sur l’Euro 2006, a bien remis les droits sur le marché. Mais c’est ensuite que les interprétations divergent. Selon Canal +, partenaire de la FFHB via Sport +, le groupe France Télévisions n’a fait aucune offre. Mais la version de Daniel Bilalian, directeur des Sports de France Télévisions, est différente : le prix proposé pour la diffusion de la finale était trop élevé. Canal a mis les droits sur le marché comme l’y oblige la loi pour les événements dits réservés, a dit M. Bilalian. Mais Canal a proposé 400.000 euros pour cette finale, un prix plancher à prendre ou à laisser. C’est un prix exorbitant qui, pour nous, n’est pas les prix du marché. Je considère que c’est une façon de contourner la loi sur les événements dits réservés et une forme insidieuse de refus de vente pour se réserver l’événement, a conclu le directeur des Sports de France Télévisions. Ce à quoi, Canal + a répliqué que le prix proposé était parfaitement négociable mais que France Télévisions n’avait fait aucune contre-proposition. Les esprits retors remarqueront que la finale de l’Euro était programmée à la même heure que le match de rugby des Six Nations entre l’Ecosse et la France. Un programme qui coûte entre 10 et 13 millions par an à France Télévisions en droits TV…
Après la finale, Olivier Girault, capitaine de l’équipe de France de handball, regrettait un choix tactique des chaînes. On se bat pour que ce sport se développe, qu’il rayonne du haut en bas de la pyramide. On a travaillé dur pour cette équipe soit plus exposée, expliquait-il. Tout le drame du handball se trouve ici. En guise d’explication de la non-diffusion d’un événement sportif, les directeurs de chaînes demandent souvent que le sport fasse ses preuves avec des résultats. Or, s’il existe bien un sport en France qui ne manque pas de résultats, c’est le handball. Depuis les Jeux de Barcelone (1992) et la médaille de bronze, le hand français a remporté trois titres de champion du monde (1995 et 2001 pour les hommes, 2003 pour les femmes), l’argent mondial (1993 pour les messieurs et 1999 chez les femmes), le bronze mondial (1997, 2003 et 2005) et européen (2002) avec l’équipe de France féminine. Sans parler de Montpellier qui domine le championnat de France et qui compte parmi les meilleurs clubs européens. Oui, mais cela ne suffit visiblement pas. A qui la faute ? Sans doute en partie à la fédération et la (trop récente) ligue professionnelle de handball, dont le travail de communication est encore balbutiant. Mais aussi aux médias. Indéniablement.