Le symposium exclusivité et concurrence organisé au Sportel de Monaco a débouché sur un affrontement entre France Télévisions et M6. Toujours au centre des débats : les appels d’offres des principaux événements sportifs.
Cette table ronde a démontré que la conclusion de l’appel d’offres de la Ligue de football professionnel (LFP) pour les années 2004-2007 (voir La Lettre du Sport n°271) a plongé les instances sportives et les médias télévisés dans le doute. Pour Frédéric Thiriez, président de la LFP, au nom des règles de la concurrence, on a demandé à la Ligue de procéder à une entente non concurrentielle. La solution recommandée par la Commission européenne est le découpage des droits en lots. Mais, s’interroge Thiriez, que se passera-t-il si le mieux disant est le même pour chacun des lots ? Le président de la Ligue de football s’inquiète des incertitudes qui pourraient découler de l’interprétation des règles de la concurrence. La décision du Conseil de la concurrence ne remet pas en cause l’idée d’exclusivité, ni même la prime à l’exclusivité mais estime que le football est un élément essentiel pour la croissance de TPS. A la limite, TPS pourrait avoir l’exclusivité mais pas Canal +. Notons ici que le Conseil de la concurrence a jugé la prime d’exclusivité de la chaîne cryptée 290 millions d’euros comme restrictive pour la concurrence.
M6 passe à l’attaque
Les doutes du vendeur n’ont pas été éclaircis par la vision des acheteurs : les chaînes de télévision. Ces dernières ont en effet des points de vue différents selon qu’elles sont détentrices de droits ou candidats à leur obtention comme l’a souligné Marc Tessier, président de France Télévisions. Pour le détenteur, l’exclusivité est nécessaire pour anticiper la couverture des grands événements. Cela suppose, dit Marc Tessier, des contrats pluriannuels. Mais rien ensuite, n’exclut qu’une chaîne détentrice des droits ne puisse négocier de gré à gré pour en céder une partie à d’autres chaînes. Ce que M6 aimerait pouvoir faire. Candidat à l’achat de droits, Nicolas de Tavernost, président de M6, associe l’exclusivité à l’exclusion. Il aimerait bien que sa chaîne ait la possibilité de montrer son savoir faire en matière de sport. Mais, déplore-t-il, il faudrait qu’on nous laisse la possibilité de concourir aux appels d’offres. Et de constater : Plusieurs compétitions majeures nous sont inaccessibles parce qu’en Europe l’exclusivité signifie l’exclusion depuis 20 ans. Nicolas de Tavernost fait référence à l’Union européenne des radiodiffuseurs (UER) qui négocie les droits sportifs pour ses membres. Nous ne sommes pas membres mais nous ne pourrons pas nous passer de sport pendant 15 ans. M6 est d’ailleurs en procès avec l’UER pour non partage des droits de diffusion. La chaîne estime avoir été exclue dès 1987, année de sa création. Toutes ses candidatures ont été repoussées par le Groupement des radiodiffuseurs français (GRF) auquel adhèrent TF1 et France Télévisions. Pour M6, le GRF agit comme un cartel qui l’exclut du partage des droits. Le propriétaire du club de football des Girondins de Bordeaux demande plus de 50 millions d’euros de dédommagement pour le préjudice subi.
Des droits attribués sans appel doffres ?
Une controverse que réfute le président de France Télévisions. Marc Tessier estime que le point crucial dans cette affaire est la stratégie d’investissement de M6 dans le sport. Depuis quatre ans, il y a eu la Coupe du monde de football, la Ligue des champions, le Tournoi des Six Nations, le Tour de France, toutes ces compétions ne sont pas concernées par le GRF. M6 n’a été présent sur aucune pour acquérir les droits de retransmission – NDLR : M6 a bien fait une offre pour les droits de la Ligue des champions de football. Il y a de quoi s’interroger sur les vraies motivations de Nicolas de Tavernost. Ce à quoi, M6 a répondu que plusieurs compétitions majeures lui sont interdites, comme le Tour de France ou les droits de l’équipe de France de football, car leur attribution ne fait l’objet d’aucun appel d’offres public…