C’est un revers auquel les dirigeants de la F1 ne s’attendaient sans doute pas. La publicité pour les cigarettes a été interdite sur le circuit de Shanghai par les organisateurs du 1er GP chinois, qui aura lieu le 26 septembre prochain.
Pour les cigarettiers, principaux soutiens des écuries de F1 (la moitié des dix écuries, dont Ferrari mais aussi Renault sont soutenues par de grandes marques de cigarettes), le coup est rude. La Chine est le plus grand marché mondial, même si la publicité pour les cigarettes est interdite dans certaines villes, comme à Pékin. Le parlement chinois ne s’est pas encore prononcé pour une éventuelle interdiction globale. Mais les organisateurs du GP de Chine ont pour leur part tranché en défaveur de la publicité pour les cigarettes. L’étendue de cette interdiction reste encore à préciser, notamment en ce qui concerne les logos des marques sur les monoplaces, mais il n’y aura pas de panneaux publicitaires sur le circuit.
Déjà chassée de son continent phare, l’Europe, la Formule 1 pensait trouver refuge à l’Est où des pays émergents sont disposés à payer le prix fort (Barheïn par exemple) pour accueillir un Grand Prix de Formule 1 sur leur terre et s’offrir ainsi une publicité en mondovision. Une aubaine pour les constructeurs et les cigarettiers. Ces territoires restent à conquérir. L’Europe ne pourra pas rivaliser éternellement avec la Chine, l’Inde et la Corée du Sud avançait en début de saison Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1. Le Britannique a raison. Cette saison inaugure un calendrier d’un nouveau genre. Jamais dans son histoire, la F1 ne s’était autant éloignée du Vieux Continent. Sur les dix-huit Grands Prix au calendrier, dix seulement sont programmés à l’intérieur de la Vieille Europe. Il y a vingt ans, cinq courses échappaient au continent. Mais les évolutions économiques et politiques ont profondément bouleversé le paysage de la F1. Qui se souvient qu’Alain Prost avait remporté l’une de ses plus belles victoires au Mexique en 1990 ? Ou encore que l’Argen-tine était une terre d’accueil privilégiée pour la F1 ? Les Etats-Unis n’ont que faire de notre Formule 1 et le Canada a échappé de peu à la disparition pour cause de législation anti-tabac trop stricte.
La F1 survivra-t-elle ?
Si nous perdons les sponsors du tabac en Formule 1, tout s’écroulera déclarait Bernie Ecclestone il y a peu (voir La Lettre du Sport n°315). C’est l’un des drames de la Formule 1 actuelle. Non seulement, ce sport n’a pas su se renouveler, mais il reste dépendant des subsides des cigarettiers. A la fin des années 90, les écuries étaient persuadées de trouver un suppléant à l’industrie du tabac. Alors que la date fatidique du 31 juillet 2005 approche, force est de constater que ces sponsors se font attendre. A cette date, en effet, l’interdiction de la publicité pour le tabac sera étendue à l’ensemble des pays européens. Williams-BMW n’arbore effectivement aucune publicité pour le tabac, mais qui va remplacer l’apport de Marlboro pour Ferrari ? La fuite vers l’Est était une solution, mais voilà que ces pays adoptent aussi des mesures coercitives contre le tabagisme. Ainsi, la Chine a signé, le 10 novembre 2003, la convention-cadre pour la lutte anti-tabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) limitant la publicité des cigarettes et incitant les Etats signataires à taxer lourdement ces produits. Celle-ci doit entrer en vigueur en 2006.