Toyota annonce son retrait immédiat du Championnat du monde de Formule 1 afin de réduire ses coûts face à la crise économique. Malgré des moyens considérables investis en F1, le constructeur automobile japonais n’a jamais disputé les premiers rôles. La F1 se dépeuple après les départs de Honda à la fin de l’année 2008, celui de BMW annoncé en juillet dernier, et le retrait du manufacturier Bridgestone.
En proie à une forte baisse de ses ventes, le premier constructeur mondial (7 millions de véhicules produits environ par an) continue de compresser ses dépenses, après avoir réduit ses effectifs sous contrat temporaire et fait tourner ses usines au ralenti au plus fort de la crise. Citant des conditions économiques difficiles, Toyota, qui enregistré le premier exercice déficitaire de son histoire (avec une perte de -450 milliards de yens lors de l’exercice 2008-2009 et un résultat opérationnel négatif à -750 milliards de yens), avait déjà annoncé en juillet qu’il renonçait à héberger le Grand Prix de Formule 1 du Japon à partir de 2010 sur son circuit du Mont-Fuji, également pour des raisons budgétaires.
Le géant nippon a en outre mis fin à sa collaboration avec l’écurie britannique Williams, à qui il fournissait des moteurs depuis 2007. Cette dernière, en manque de liquidité, vient d’ouvrir son capital à un passionné autrichien pour un investissement estimé à 40 millions d’euros.
Toyota, qui est en F1 depuis 2002, a terminé la saison 2009 au 5e rang du Championnat des constructeurs. Son meilleur classement après sa 4e place en 2005. Mais en 139 Grands Prix disputés, Toyota n’a jamais remporté la moindre victoire.
Reste maintenant à connaître le sort qui sera réservé à l’équipe. Comme Honda l’année dernière, Toyota est tenu par l’accord Concorde. Celui-ci oblige le constructeur japonais à demeurer en F1 jusqu’en 2012. Et comme Honda, si le dédit à verser à la FIA est plus important que le budget alloué à une saison supplémentaire, Toyota pourrait revoir sa position et financer le prochain exercice. L’équipe continuerait mais sous un autre nom.
La F1 sur les jantes
L’abandon du constructeur est intervenu quelques jours après le retrait du fabricant japonais de pneus Bridgestone. Le fournisseur unique de la Formule 1 rendra son tablier à la fin de la saison 2010. Toujours en raison de la situation économique. Bridgestone évoque également l’évolution de l’environnement d’affaires et le besoin de rediriger ses ressources vers la recherche et développement. Une affirmation curieuse. La F1 ne sert-elle justement pas de laboratoire technologique ?
En réalité, on peut aisément comprendre le manufacturier. La F1 s’est lancée dans un vaste plan de réformes (motorisation, aérodynamisme, etc.), mais le pneu a été oublié. Depuis 2007, Bridgestone est seul en piste et éprouve des difficultés à communiquer sur ses succès… faute de concurrence. Une situation que Michelin avait dénoncée à l’époque.
Bridgestone estime que sa collaboration avec le monde de la F1 a contribué à fortifier sa marque et à faire reconnaître Bridgestone comme un leader dans l’industrie mondiale du pneu, mais qu’il avait désormais atteint ces buts après treize années de présence sur les circuits.
Bridgestone, qui dispute à Michelin la première place mondiale des fabricants de pneus, a accumulé une perte de 27,46 milliards de yens (205 millions d’euros) sur les neuf premiers mois de l’année. Il table sur une perte nette de 10 milliards de yens et sur un bénéfice d’exploitation divisé par deux sur un an à 60 milliards de yens pour un chiffre d’affaires de 2.590 milliards de yens en baisse de 20%.
2009 5e
2008 5e
2007 6e
2005 4e
2004 8e
2003 8e
2002 9e