Le Club Europe est peut-être mort, mais il n’est pas encore enterré. La plainte déposée en octobre 2004 (voir La Lettre du Sport n°341) par l’Association des petits porteurs actifs (Appac) pour abus de biens sociaux est reprise par le parquet de Paris. Une enquête préliminaire a été ouverte le 6 janvier.
L’Appac avait porté porte plainte contre X pour abus de biens sociaux, dénonçant une série de contrats conclus par Canal + (groupe Vivendi Universal) avec les clubs de football et la Formula One Administration (FOA) de Bernie Ecclestone. L’action vise à faire la lumière sur des contrats dispendieux signés par Canal + concernant la Formule 1 et le football. L’Appac se base sur des documents internes de Vivendi Universal, révélés en son temps par le journal Le Monde. Ces notes dévoilaient des investissements à perte colossaux de la chaîne cryptée dans les droits sportifs. Pour le football, 160 millions d’euros ont été versés à six clubs (Monaco, Marseille, Paris, Lyon, Lens et Bordeaux) via le Groupe Jean-Claude Darmon entre 1999 et 2003, au travers du Club Europe. L’accord devait permettre à Canal + d’acquérir un droit d’option prioritaire sur l’exploitation de leurs matches. La chaîne anticipait alors sur une éventuelle cession de la propriété des Droits TV aux clubs. Une utopie à l’époque. Mais en 2003, La Loi du sport de Jean-François Lamour a conféré ce droit aux formations professionnelles qui doivent cependant passer par la Ligue de football (LFP) pour commercialiser les matches en direct. En contre-partie, elles peuvent exploiter, comme bon leur semble, le différé sur n’importe quel support. Canal + a donc cassé un contrat de 220 millions d’euros après avoir versé 160 millions d’euros pour rien au moment où les clubs obtenaient effectivement la propriété de leurs droits…
Les investigations visent, outre les anciens responsables de la chaîne cryptée, les six clubs inscrits au contrat, ainsi que Jean-Claude Darmon. Selon Le Figaro, les négociateurs du contrat pour le compte de Canal +, Pierre Lescure alors PDG, Michel Denisot, directeur des sports, et Bruno Thibaudeau, directeur général adjoint, devraient prochainement être entendus par la Brigade financière.