Le marché anglais audiovisuel vit une nouvelle révolution. Alors que BskyB avait toujours su repousser toutes les attaques jusqu’ici, l’acteur dominant de la télévision payante tombe sur un os. BT (ex British Telecom), à l’origine de l’explosion des compétitions européennes de rugby, lui subtilise les droits de retransmission de la Ligue des champions. Un produit clef dans l’univers du payant. Aux dires de son nouveau patron, Gavin Patterson, la frénésie d’achats de l’opérateur historique n’est pas terminée…
Un total de 350 matches. BT sera détenteur, à partir de 2015, de 350 matches en exclusivité et pour trois ans. L’opérateur britannique a annoncé l’acquisition des droits de diffusion outre-Manche de trois saisons de la Ligue des Champions, la plus prestigieuse des coupes d’Europe, et de l’Europa League, sa petite soeur. Une exclusivité que BT a arraché contre 900 millions de livres (1,075 milliard d’euros). Soit 299 millions de livres par saison. En un seul coup, BT a exclu du marché BSkyB et ITV, les deux diffuseurs historiques de ces compétitions. Cette fois-ci, la France a devancé l’Angleterre. Comme chez nous, avec Canal+ et beIN Sport, les téléspectateurs britanniques devront souscrire un abonnement pour suivre Manchester United, Arsenal ou Chelsea lors des compétitions européennes. C’est la première fois qu’un diffuseur unique remporte les droits exclusifs de tous les matches des deux tournois, s’est félicité BT.
Une rentabilité repoussée à plus tard
Ces droits de diffusion vont donner une impulsion majeure à BT Sport et donner aux gens une autre raison de s’abonner à notre offre formidable, a commenté Gavin Patterson, directeur général de BT. Il y a quelques semaines, l’homme avait prévenu les marchés que l’accent serait mis sur la croissance et non plus seulement sur les réductions de coûts. Aujourd’hui, son affirmation prend tout son sens. BT est en train de bousculer comme jamais le marché de la télévision outre-Manche. Déjà en août, son annonce de rendre accessible gratuitement à ses anciens clients haut débit son offre sportive avait surpris. Sous ses coups de boutoir, le bouquet de chaînes britannique de l’empire Murdoch est secoué. L’action du leader incontesté dans la télévision payante et détenteur actuel des droits de la Ligue des champions, a dévissé de plus de 10% à l’annonce de BT, sa plus forte baisse depuis deux ans. C’est à peine si l’Angleterre s’est rendue compte que BT a provoqué une inflation de 125% (!) par rapport à la période précédente pour déloger les anciens propriétaires. C’est d’autant plus surprenant que beaucoup doutaient déjà de la capacité de l’opérateur à rentabiliser sa première salve d’investissements. Pas BT. Il a précisé que cet d’investissement ne changeait pas ses prévisions financières pour les prochaines années.
Les clubs anglais premiers bénéficiaires de l’appétit de BT
Déjà les regards sont tournés vers 2015 pour la grande bataille. La Premier League remettra alors en jeu ses droits, le principal produit d’appel de BSkyB. En 2015, il n’est pas impossible que les clubs anglais soient encore plus riches qu’aujourd’hui.