Le projet de la Ligue de football professionnel (LFP) de se doter de sa propre chaîne de télévision tarde à se concrétiser. Plusieurs journées du championnat de Ligue 2 se sont déjà déroulées, et il n’est toujours possible de suivre qu’un seul match en direct à la télévision grâce à Eurosport. Pourtant, la LFP n’est pas la seule à vouloir se lancer. En Allemagne, l’idée fait son chemin.
Eurosport (pour 10 millions d’euros par an pendant deux ans) peut revendiquer l’exclusivité de la Ligue 2. Pour l’instant, à part la chaîne sportive, personne d’autre ne diffuse des rencontres de Ligue 2. Même si la nouvelle donne permet à France Télévisions de proposer de larges extraits dans ses émissions sportives. Eurosport se contente du minimum avec un seul match exposé le lundi soir. Lors du dernier appel d’offres de la LFP au sujet des droits de retransmission de la Ligue 2, la ligue n’a retenu que la proposition de la filiale de TF1, préférant rejeter celle de Ma Chaîne Sport pour lancer sa propre chaîne. Un double pari pour la LFP. Celui que la L2 peut supporter cette baisse d’exposition et celui de démontrer que le football professionnel ne reste pas inerte devant la menace d’une baisse d’appétence des diffuseurs en 2012 lorsqu’il faudra renégocier les droits de la Ligue 1. Plusieurs semaines après la reprise de la Ligue 2, la question de la pertinence de ce modèle reste posée.
En Allemagne, la DFL, la ligue allemande, s’est également posée la question avant de faire machine arrière. Elle aussi aimerait prendre son destin en main. Car elle craint un désinvestissement des diffuseurs traditionnels. La situation allemande est toutefois différente du cas français. En Allemagne, la DFL touche, pour la période 2009-2015, 412 millions d’euros (contre 668 millions d’euros pour la Ligue 1 en France) de ses diffuseurs, Sky Deutschland (ex-Premiere), ARD et Deutsche Telekom. Mais les clubs craignent une défaillance prochaine de Sky Deutschland. La chaîne cryptée, dont l’actionnaire principal a pour nom New Corp. (BskyB, FOX, Wall Street Journal, etc.), est le plus important contributeur avec 240 millions d’euros versés par an. Or, la chaîne ne rencontre pas le succès escompté. Son portefeuille d’abonnés plafonne à 2,4 millions alors qu’il en faudrait au moins 3 millions. Résultat, Sky Deutschland coûte énormément d’argent à son actionnaire. Au début de l’été, New Corp. a annoncé qu’il allait injecter 340 millions d’euros dans sa chaîne. Sa septième augmentation de capital en cinq ans ! La concurrence télévisuelle est rude en Allemagne où les deux chaînes publiques disposent encore d’une audience importante. Ce qui explique pourquoi les Allemands sont peu enclins à payer pour regarder une chaîne de télévision et par ricochet pourquoi la Bundesliga bat chaque année son record d’assistance dans les stades. La saison dernière, l’affluence moyenne dans les stades a atteint 41.900 spectateurs par match. Et cette saison encore, les Allemands vont se presser dans les 18 stades de Bundesliga. Les clubs ont vendu 460.000 abonnements, soit 10.000 de plus que la saison dernière.