Les clubs et la Ligue de football professionnel (LFP) avaient prévenu : la saison dernière ne serait pas la meilleure sur le plan comptable. Mais alors qu’un déficit cumulé de 100 millions d’euros pour la Ligue 1 et la Ligue 2 était attendu, L’Equipe révèle que les clubs professionnels ont en réalité perdu quelque 180 millions d’euros au 30 juin 2010 !
Les vingt clubs de Ligue 1 ont perdu aux alentours de 140 millions d’euros et ceux de Ligue 2 environ 40 millions d’euros la saison dernière. C’est un déficit record pour le football professionnel français dont la pire saison avait été celle de 2002-2003 avec des pertes cumulées de 167 millions d’euros. Une époque que l’on disait révolue : les clubs français avaient payé la surenchère pratiquée sur le marché des transferts de joueurs.
Sept ans plus tard, la principale explication de cette situation tient… au marché des transferts. Celui-ci n’a pas permis aux clubs français de réaliser d’importantes plus-values, notamment en cédant leurs meilleurs éléments à des clubs étrangers. Ce qui risque de se reproduire sur les comptes de l’actuelle saison, 2010-2011. Un autre nuage se profile à l’horizon avec la suppression cette saison du droit à l’image collectif (DIC). Une perte sèche de 40 millions d’euros pour les clubs de football avec la disparition de l’exonération de 30% sur les charges des salaires des joueurs.
Ces mauvais chiffres confirment une récente étude réalisée par le cabinet de conseil AT Kerney. Dans son rapport, le cabinet dresse un état des lieux pour le moins inquiétant sur la viabilité financière des cinq plus grandes ligues de football en Europe. Pour les auteurs, en fonctionnant comme des entreprises normales, les ligues d’Espagne, d’Angleterre et d’Italie seraient mises en faillite en moins de deux ans. Bigre. La Bundesliga, de plus en plus à la mode, est la ligue qui s’en sort le mieux. Elle arrive en tête de l’étude au classement général, sur les critères économiques, mais aussi sur les critères sportifs, sociaux et environnementaux. Avec un ratio de retour sur actifs positif (+2,1%), l’Allemagne fait mieux que la France tout juste à l’équilibre (+0,5%). La Bundesliga fait surtout mieux que les trois championnats cités plus haut. Au ratio de retour sur actifs, la Serie A, la Liga et la Premier League présentent des ratios négatifs de respectivement -11,5%, -6,6% et -4,9%.
La faute à une balance nette des transferts souvent négative qui s’ajoute à une masse salariale trop importante compte-tenu des recettes.
La faillite d’une ligue peut provoquer une faillite du système similaire à ce que l’on a pu voir avec le système bancaire, écrivent les analystes d’AT Kerney. La situation correspond étrangement au cas français avec une baisse des transferts de joueurs vers l’étranger depuis deux saisons. La Ligue 1 est la plus mal notée pour ses performances sportives. La Ligue française a réellement mis en péril sa compétitivité (sportive) européenne en construisant un modèle économique fondé sur la formation sportive et le transfert de joueurs vers les autres ligues, analysent les auteurs de l’étude.
2009-2010 -180 M
2008-2009 -34 M
2007-2008 +27 M
2006-2007 +47 M
2005-2006 +33 M
2004-2005 -27 M
2003-2004 -44 M
2002-2003 -167 M