L’Etat argentin va assurer la gratuité pour tous des retransmissions télévisés de matches de football, jusqu’à maintenant réservés aux abonnés au câble ! L’Etat, sous l’impulsion de la présidente Cristina Kirchner, injectera 110 millions d’euros environ par an pour tenter de sauver un secteur professionnel surendetté. Une décision qui fait grincer des dents dans un pays en pleine crise économique.
Nous sentions le devoir de garantir le droit de voir le football pour ceux qui ne peuvent pas le payer, justifie la présidente Cristina Kirchner. C’est un grand pas dans la démocratisation de la société argentine car jusqu’à maintenant seul celui qui pouvait se l’offrir pouvait voir un match de football, a-t-elle dit.
A l’origine, il y a un conflit entre l’AFA, la fédération argentine de football, et ses diffuseurs, la Television Satelital Codificada (TSC) et à Torneos y Competencias (TyC). L’AFA exigeait une augmentation des droits télévisés versés par TSC et TyC. Ces dernières, qui ont déjà accepté de verser 50 millions d’euros aux clubs cette saison contre 42 millions la saison dernière, ont refusé. Face au surendettement des clubs, qui doivent plus de 126 millions d’euros aux joueurs mais aussi au fisc, la fédération argentine a donc décidé de rompre unilatéralement le contrat, signé il y a 18 ans maintenant, qui courait jusqu’en 2014.
Ils nous provoquent. En cinq jours, ils nous ont mis au pilori, en nous disant ‘vous devez nous payer 500 millions de pesos’, a réagi le propriétaire de TyC, Marcelo Bombau, qui menace de représailles judiciaires. Il précise recevoir 304 millions de pesos (NDLR : environ 55 millions d’euros) de recettes liés à la diffusion des rencontres et reverser 268 (48 millions d’euros) à l’AFA. Sur les 36 millions restants, il faut décompter les réseaux satellites, les transports et les salaires. Selon le président de l’AFA, Julio Grandona, qui est aussi vice-président de la FIFA, le problème pouvait être résolu si les chaînes avaient prélevé 2 euros environ supplémentaires sur chaque abonnement, sans en augmenter le tarif… Pour corser l’affaire, les deux diffuseurs mis sur la touche appartiennent au groupe de médias Clarin, qui s’oppose à la politique de la présidente argentine.
Le contrat signé entre l’AFA et les pouvoirs publics est valable pour les dix prochaines années. L’Etat s’engageant à verser 110 millions d’euros par an aux clubs. Avec quel fonds ? Cette nationalisation du championnat sera financée pour partie par l’argent destiné à la publicité gouvernementale, par des recettes publicitaires et par une commercialisation à des tiers, des chaînes privées mais non payantes, d’une partie des droits.