La Coupe du monde 2006 en Allemagne sera une première pour l’Italie. Sky Italia, le bouquet satellite de l’Australien Ruper Murdoch, a acquis la totalité des 64 rencontres du Mondial, dont 39 en exclusivité.
La RAI, la télévision publique italienne, n’a pas levé l’option dont elle disposait jusqu’au 31 décembre 2004 pour diffuser la totalité du tournoi. En 2001, la RAI avait conclu un accord pour la Coupe du monde 2002 et les 25 meilleures affiches de la Coupe du monde 2006 contre 154,4 millions d’euros (dont 92 millions d’euros affectés à l’édition 2006).
Si 3,2 millions de foyers italiens sont abonnés à Sky Italia, la nouvelle a déclenché la polémique, car elle prive une grande partie de la population italienne de la diffusion en intégralité de la Coupe du monde. Le ministre de la Communication, Mario Landolfi, a d’ailleurs écrit au directeur général de la RAI, Flavio Cattaneo, pour lui demander des explications alors que la presse transalpine se déchaîne sur les responsables de la RAI et n’hésite pas à parler d’humiliation. La Corriere della Sera, par exemple, se demande si une chaîne d’Etat peut faire appel à la redevance et ne pas donner au public ce qu’il désire le plus. Le quotidien répond lui-même : La RAI a décidé que oui.
Les chiffres diffèrent sur le montant versé par Sky Italia, le prix demandé par Infront Sports & Media et l’offre de la RAI. La télévision payante aurait obtenu la totalité du Mondial pour 35 à 40 millions d’euros. Pour se défendre, la RAI, qui aurait fait une offre inférieure à 20 millions d’euros pour les 39 rencontres restantes, dit que le prix demandé (78 millions d’euros) était trop élevé. La RAI rappelle également qu’en six ans, de 1998 à 2004, les droits des principales manifestations sportives (Jeux olympiques, Coupes du monde et championnats d’Europe de football, Championnats du monde d’athlétisme) ont cru de 841%, passant de 13,6 millions à 128 millions d’euros par an.
La bataille entre public et privé n’est pas terminée. Les droits pour la Ligue des champions 2006 à 2009 sont sur le marché et l’UEFA demanderait 80 à 90 millions d’euros par saison ! Enfin, cet été, les chaînes de télévision doivent renégocier les droits du Championnat d’Italie. La RAI a informé la Ligue italienne qu’elle ne pourra pas renouveler le contrat actuel aux même conditions. Chez Sky Italia non plus on n’est pas disposé à renouveler les différents accords à des niveaux aussi élevés. Ce qui inquiètent les clubs comme la Sampdoria de Gênes, Lazio Rome, Parme, Siene, Lecce, Reggina, Chievo Vérone et Brescia dont les contrats de diffusion s’achèvent le 30 juin prochain. Sky proposerait une baisse de 30 à 40%. Entre les télévisions en clair, sur abonnement ou en pay-per-view, le football professionnel italien a reçu 568,6 millions d’euros cette année. 67,6 millions des télés en clair, 501 millions pour les chaînes sur abonnement ou en pay-per-view.
Et la France ?
Le cas italien ressemble étrangement à la France à ceci prêt qu’il concerne une chaîne privée. Comme la RAI, TF1 a fait un achat groupé en 2001. Pour 168 millions d’euros, TF1 a obtenu l’exclusivité sur 2002 et les 24 meilleurs matches (dont tous ceux de l’équipe de France en cas de qualification, les demi-finales et la finale) du Mondial 2006. A ce jour, les 39 autres rencontres restent sur le marché pour la France.