Le choc est violent et le réveil promet d’être douloureux. Le sport, professionnel comme amateur, est à l’arrêt. Aucune discipline ne résiste à l’épidémie de Covid-19 dans le monde. Les compétitions professionnels sont suspendus «jusqu’à nouvel ordre». Les conséquences sont inconnues.
Le football commençait à peine à intégrer les annonces de huis clos en pagaille que le rideau a été baissé. Au lendemain de la déclaration du président de la République, Emmanuel Macron, au sujet de la pandémie, les fédérations et les ligues en France ont tout stoppé. Avant de valider la suspension des championnats, les clubs de football avaient accepté le principe ubuesque de disputer les rencontres à huis clos après l’annonce du gouvernement, le 9 mars, de limiter à 1.000 personnes maximum tout rassemblement. La présidente de la LFP, Nathalie Boy de la Tour, avait estimé «entre 20 et 25 M€», pour l’ensemble de la Ligue 1 d’ici à la fin de la saison, le manque à gagner que représenteraient les matchs à huis clos en «recette jour de match». Ce sera pire encore maintenant. Faute de pouvoir fournir le produit acheté par les diffuseurs, les clubs auront à subir une lourde perte sur leurs droits de retransmission. Une perte chiffrée «à environ 20 M€ journée», toujours selon la LFP.
L’épidémie perturbe le calendrier sportif tricolore mais aussi son économie. L’impact sera réel à n’en pas douter. Il est encore très difficile à mesurer. Mais il faut s’attendre à ce que des clubs souffrent. Pour les matches à huis-clos, ils vont devoir rembourser leurs abonnés alors qu’ils n’ont pas perçus de recette de billetterie. Même dans le football professionnel, le monde va s’apercevoir que les clubs ne sont que des PME. Globalement, l’équilibre comptable en fin de saison sera difficile à atteindre, voire impossible pour certains clubs selon les disciplines. Le football mis à part, les recettes venant de la billetterie servent aussi de trésorerie pour payer les joueurs, le staff, les salariés et des fournisseurs. Les organisations ou les associations qui voient leurs événements annulés seront encore plus sous pression si le report (comme il a été décidé pour le semi-marathon et le marathon de de Paris, tous les deux organisés par ASO, comme le Tour de France) est impossible.
Le football a les droits TV, le PSG a le Qatar… mais les autres ?
L’épidémie de Coronavirus affecte 2 millions de spectateurs de compétitions sportives en France. La ministre des sports annonçait il y a quelques jours que pas moins de 450 manifestations sportives étaient impactées par les annulations et reports. «Nous avons pris conscience de l’impact économique, sur les clubs et les entreprises du sport» de ces mesures, a indiqué la ministre des Sports Roxana Maracineanu, à l’issue d’une réunion avec les représentants des fédérations, ligues et clubs, et entreprises liées au monde du sport. Les conditions ont été durcies ensuite. Sur l’impact économique, «nous faisons remonter les données par les clubs, les fédérations, les lieux qui accueillent les événements, les entreprises prestataires», a expliqué Roxana Maracineanu, qui souhaite une «vue exhaustive de l’impact économique» pour contribuer au bilan interministériel. Alors que le monde sportif accueille plus de 16 millions de licenciés dans plus de 300.000 clubs, l’addition sera salée.