Loffre de biens et de services sportifs sest accrue de façon importante depuis quelques décennies à la faveur dune préoccupation grandissante des français pour leur santé et leur bien-être comme de la généralisation dune société dite de loisirs, constate la Commission de la sécurité des consommateurs qui sest livrée à une importante analyse du secteur. Ses conclusions sont sans appel : la remise en forme est bel et bien devenue un marché à part entière.
«Le secteur «sportif», cest-à-dire, les clubs régis par la loi de 1901 et affiliés à une fédération qui a reçu une délégation de lEtat pour organiser et promouvoir une pratique sportive doit, aujourdhui, faire face à une offre à la fois concurrente et complémentaire : celle des entreprises du secteur privé qui font de lactivité physique un commerce (salles de remise en forme), celle des associations sportives communales, celle des personnes publiques ou privées qui mettent à la disposition de leurs salariés ou agents des locaux sportifs, celle enfin des centres dhébergement (hôtels, campings, résidences de loisirs) qui offrent des prestations de remise en forme accessoires à la prestation principale», constate la CSC. La remise en forme est devenue un «marché».
En moyenne, une salle commerciale a un peu plus de 500 adhérents
12 à 15 millions de français âgés de plus de 16 ans pratiquent de façon régulière ou occasionnelle le «fitness», la musculation ou la «remise» en forme (soit 18% de la population). Cependant, seuls environ 3 à 5 millions sont inscrits dans un club au sens commercial du terme soit 6 à 8% de la population active alors que le taux dinscription est par exemple de 12 % au Royaume-Uni. Environ 2 500 à 3 000 clubs commerciaux opèrent en France, sur un total de 10 000 salles consacrées à la remise en forme, en grande majorité au sein des structures associatives, communales, affiliées ou non à des fédérations sportives. En moyenne, une salle commerciale a un peu plus de 500 adhérents par an. 31% des établissements franciliens ont entre 500 et 1 000 adhérents et 36% plus de 1 000 adhérents, mais certaines structures comptent jusquà 80 000 adhérents. 26 % des clubs de statut associatif ont moins de 100 adhérents et 37% entre 100 et 300 adhérents. Les salles à but non lucratif proposent pour lessentiel des cours collectifs dactivités gymniques. Cest le cas dans près de 80% des salles en Ile de France. Les salles commerciales proposent aussi bien des cours collectifs que des activités dites de «forme sur plateau» : activités de musculation ou de cardio-training tels que vélo, tapis de course, rameurs.
Des pratiquants jeunes mais rapidement démotivés
Les pratiquants sont plutôt jeunes (25/45 ans) et en majorité des femmes mais la catégorie des séniors (plus de 55 ans) devient de plus en plus importante (23% des pratiquants). Selon la CSC, 70% des personnes qui fréquentent une salle de sport depuis plus dun an, la fréquentent depuis plus de 5 ans ; cependant, en moyenne, le taux de réabonnement annuel, de20%, est lun des plus faibles dEurope. Le taux de renouvellement est de 30 à 50% en Europe et atteint 70% aux Etats-Unis. La «démotivation» intervient entre la 6ème et la 8ème semaine. Le rythme de fréquentation de ceux qui persévèrent est soutenu (à 88% une ou plusieurs fois par semaine), mais principalement en semaine.
A la cotisation annuelle sajoute ou non un droit dentrée. La formule dune cotisation mensuelle ou trimestrielle concerne cependant 28% des cas. Le coût moyen annuel de labonnement est de lordre de 318 euros (soit 26,5 euros/mois, hors droit dentrée). 72% des pratiquants fréquentent une salle pour «entretenir leur forme». Trois types dactivités sont principalement utilisés : les cours collectifs (81% des pratiquants), le cardio-training (61%), et la musculation (35%). Sagissant des cours collectifs, les cours de fitness et le cardio-training prennent les premières places, devant la musculation. Les cours collectifs sont fréquentés dans 95% des cas par des femmes ; les activités de musculation sont pratiquées par les hommes dans 85% es cas ; les activités de cardio-training sont pratiquées à parité. «Lutilisateur de salles de remise en forme est avant tout «désimpliqué» par rapport à la problématique de la sécurité», constate dans son analyse la CSC. «Il achète principalement la proximité et le coût qui sont ses critères de choix principaux. Ces derniers rapprochent donc lachat de la prestation «salle de sport» de lachat dun produit de consommation courante. De fait, la sécurité nest citée que par moins de 5% des répondants.» Et la CSC dajouter : «Il est moyennement satisfait des prestations fournies, ce qui explique le faible pourcentage de réabonnement de la clientèle (20% en moyenne).» De façon plus précise, lenquête montre que lamabilité du personnel, et la qualité des cours sont les deux seuls items à générer plus de 30% de «très satisfaits».
Les motivations ont changé : la recherche de la performance athlétique, du «sport souffrance» tend à régresser au profit de la recherche de préoccupations ludiques, récréatives et hédonistes qui ont entrainé des innovations dans loffre proposée par les salles avec des activités plus douces (relaxation, hammam), collectives (cours collectifs avec musique et vidéo) ou bien tournées vers le bien-être extra sportif et la santé (diététique, cabines de bronzage-UVA), et des services personnalisés (la pratique du «coaching» ou du conseil personnalisé pour sentrainer).
88% des clubs commerciaux sont de petites entreprises indépendantes
«Le marché des salles de remise en forme est atomisé entre une offre dite marchande (les salles commerciales de remise en forme), une offre associative en milieu public ou privé, une offre au sein des entreprises en direction des salariés, une offre au sein de résidences, gîtes de vacances, hôtels-restaurants, campings, parcs de loisir, accessoirement à la prestation principale de repas et/ou dhébergement», indique la CSC. Environ 88% des clubs commerciaux sont de petites entreprises indépendantes. Le secteur enregistre beaucoup de dépôts de bilan (dont lenseigne GYMNASIUM, 9 salles et 150 000 adhérents en 2004, Ndlr.). Ce sont majoritairement des clubs ayant leur propre enseigne et qui comptent moins de 10 salariés. 12% des clubs sont des franchises denseignes nationales (Club Med Gym, Fitness First). Celles-ci réalisent un quart du chiffre daffaires de la profession.
La pratique de la remise en forme est plus urbaine que rurale. Paris et lIle de France représentent environ 20% du marché (60% en milieu associatif ; 35% dans des structures commerciales). «On trouve des SPA/hammam/sauna dans près de 40% des structures commerciales (dans 2% des structures associatives) et des activités daquagym dans 20% dentre elles (28 % des structures associatives).»
Ce secteur emploie en France environ 18 000 salariés et lactivité dégage plus dun milliard deuros de chiffre daffaires selon des sources diverses. Les salariés des structures à finalité commerciale bénéficient de la convention collective ELAC (espaces de loisirs, dattractions et culturels) tandis que les salariés dans les établissements à but non lucratif dépendent de la convention collective du sport. Les structures associatives proposent majoritairement des emplois à temps partiel (moins de 10 h) pour des interventions ciblées sur les activités de la forme en cours collectifs. Les structures commerciales et territoriales proposent majoritairement des emplois à temps complet ou partiel (20h à 30h) pour des interventions ciblées sur lensemble des activités de la remise en forme.
Méthodologie
Lenquête de «perceptionclientèle» réalisée par le Centre Régional dInnovation et de Transfert de Technologie CRITT durant lété 2009 à la demande de la CSC et de lInstitut national de la Consommation (INC) et destinée à évaluer loffre de service et les conditions de sécurité offertes aux utilisateurs des salles de remise en forme ou assimilé a permis de dresser cet état des lieux.