Sous l’impulsion de son équipementier Nike, Faith Kipyegon, actuelle recordwoman du monde féminin du mile (1.609 m) en 4’07″64, tentera de descendre sous la barre des 4 minutes à Paris le 26 juin. L’exploit sportif serait énorme. Un projet ambitieux pour Nike au moment où sa réputation d’innovation est remise en question.
Passez sous la barre des 4 minutes au mile, une distance rarement courue, un rêve qui pourrait bien devenir réalité chez les femmes (le record du monde masculin est détenu depuis 1999 par le Marocain Hicham El Guerrouj, en 3’43 »13, ndlr). Considérée déjà par beaucoup de spécialistes comme la meilleure coureuse du 1.500 m de l’histoire, avec ses trois titres olympiques (2016, 2021 et 2024) et ses trois couronnes mondiales (2017, 2022 et 2023), la Kényane Faith Kipyegon relève le défi. « Je suis une triple championne olympique. J’ai remporté des titres mondiaux. J’ai pensé: Pourquoi ne pas rêver en-dehors des sentiers battus ? », a déclaré Faith Kipyegon. Son équipementier depuis 16 ans, Nike, répond présent. L’ambition s’inscrit dans l’ADN de l’équipementier autour du dépassement de soi et met en avant les prouesses technologiques de ses produits. Avec le projet « Breaking 4 », la marque américaine fait écho à « Breaking 2 ». Il y a huit ans, Nike avait créé le buzz dans le monde du running avec l’ambition d’amener pour la première fois un homme sous les 2 heures sur marathon, sur le circuit automobile de Monza (Italie). Eliud Kipchoge avait échoué pour une poignée de secondes (2h00’25), avant de réussir sa tentative en 2019, non reconnue par World Athletics, sous l’égide d’Ineos cette fois (1h59’40 »2). Mais pour Nike, l’opération avait remis l’équipementier sur le devant de la scène pour ses innovations.
Plus de 7 secondes à gagner

Bis repetita avec Faith Kipyegon ? « Faith est un talent générationnel », souligne Elliott Hill, le PDG de Nike, qui affiche sa volonté de recentrer l’identité de la marque autour des sports fondamentaux comme la course à pied. L’équipementier va s’intéresser à chaque détail de la performance, des chaussures aux vêtements, en passant par l’aérodynamisme, la physiologie et la science de l’esprit, afin de maximiser le potentiel de sa championne et lui permettre de tirer profit de chaque foulée. Nike devrait tirer les leçons de la tentative d’Eliud Kipchoge. En plus des chaussures à plaque carbone, il avait été aidé par des lièvres, avec une rotation pour que ceux-ci soient les plus frais possibles, et une voiture devant pour profiter d’une aspiration constante. « Les deux projets ont été bâtis autour d’une tentative audacieuse et courageuse de la part des athlètes, ils sont vraiment au centre, selon Amy Jones Vaterlaus, vice-présidente de Nike Sport Research Lab. Nous apportons un soutien holistique, des innovations technologiques, et nous nous assurons de créer des conditions idéales. Mais ce sont deux projets très différents. Nous avons tiré des enseignements de Breaking2, sur l’équipement, les chaussures, l’environnement, la stratégie des lièvres. Mais cette fois, il s’agit d’une femme, et la distance est bien plus courte. Nous avions besoin d’aborder ce projet avec beaucoup d’ouverture et ne pas simplement répéter ce que nous avions fait. » La marque n’en dit pas plus sur les innovations prévues pour Kipyegon.
Sur le mile, la Kényane de 31 ans ne part de zéro. Elle avait pulvérisé le record du monde de la distance de quasiment cinq secondes, en 4’07″64, à Monaco en 2023. Mais elle devra considérablement hausser son niveau pour briser la barrière des 4 minutes : elle devra boucler chacun de ses quatre tours en moyenne près de deux secondes plus vite. Si la frontière semble infranchissable, la tentative méritera d’être vécue. D’autant que c’est à Paris qu’elle aura lieu. La Kényane a choisi le stade Charléty pour accueillir cette tentative qui se tiendra le 26 juin. « L’équipe a mené de nombreuses études sur des pistes du monde entier. Je crois qu’il y en avait trente, d’après Jones Vaterlaus. Nous avons examiné des conditions spécifiques et, compte tenu de sa confiance en ce lieu où elle a déjà battu des records, nous avons été convaincus que Charléty répond à des exigences spécifiques concernant l’énergie du public, les conditions météorologiques, le moment et le lieu. » C’est à Charléty que la demi-fondeuse avait battu le record du monde du 5.000 m en 2023 (14’05″20, battu ensuite par Gudaf Tsegay le 17 septembre 2023 à Eugene en 14’00″21) et du 1.500 m en 2024, en 3’49″04. Plus au nord, c’est à Saint-Denis, au Stade de France, que la championne a remporté son troisième titre olympique l’été dernier.