Le bureau directeur de la Ligue nationale de rugby (LNR) a proposé au comité directeur de valider l’arrêt de la saison 2019-2020, et de travailler sur la saison prochaine, en espérant qu’elle puisse débuter en septembre. Moins télédépendant que le football (les droits TV représentent 23% du budget contre plus 60% en Ligue 1), le rugby professionnel s’inquiète des conséquences de la crise économique auprès des partenaires.
À l’arrêt depuis début mars, les clubs du Top 14 se retrouvent confrontés à un mur de difficultés financières. Leur modèle économique repose sur les recettes billetterie, hospitalités et partenariats. Ce que rappelle Thomas Lombard, directeur général du Stade Français Paris : «Les clubs vont être en survie pendant les quatre prochains mois : on n’a pas eu de rentrées financières depuis le mois de mars. Il y a certes des mesures d’aide du gouvernement, mais on a quand même des charges qui commencent à tomber…» Philippe Tayeb, président de l’Aviron Bayonnais, redoute l’impact qu’aura l’économie dégradée des entreprises sur les partenariats. «Quand et comment on va repartir et rejouer, comment on va être accompagné financièrement ? Est-ce qu’il y aura des matches à huis clos, avec 5.000 personnes maximum, quand pourra-t-on jouer dans des stades pleins ? On ne sait pas !», convient dans L’Equipe le dirigeant qui redoute de se voir imposer des rencontres à huis clos. «Le huis clos, c’est la faillite des clubs ! Il faut se rendre à l’évidence, dit-il. Le rugby, c’est le lien social et la convivialité. L’économie du rugby, c’est des recettes issues de la billetterie, abonnés et partenaires, du merchandising, des buvettes. À l’Aviron, ça représente 60 % des rentrées. Nous avons 6.000 abonnés et partenaires. L’Aviron Bayonnais en Top 14, c’est une entreprise de 100 salariés qui génère 28 M€ de retombées sur Pays basque. Donc, il faut se rendre à l’évidence et se donner le temps de la reconstruction économique afin que nos partenaires financiers puissent d’abord sortir la tête de l’eau.»
De nombreux présidents sont opposés à une reprise à huis clos. «C’est la plus mauvaise des solutions», insistait auprès de Midi Olympique Laurent Marti, le président de Bordeaux-Bègles, leader du championnat avant l’arrêt. «Pour ne parler que de l’UBB, le partenariat et la billetterie pèsent quatre fois plus que les reversions télévisuelles dans notre budget.» Pour son homologue du Stade Toulousain, Didier Lacroix, «à huis clos, à Toulouse mais aussi dans d’autres clubs, le rugby actuel ne tient pas plus d’un mois et demi, c’est une certitude».
L’Aviron Bayonnais travaille sur plusieurs scénarios, mais aucun n’est positif sur les recettes marketing «On travaille sur les deux matrices remises par la DNACG, explique Philippe Tayeb. Baisse de 30 % du partenariat et 20 % de la billetterie. Autant je ne suis pas trop inquiet sur la passion du grand public, qui aura été sevré d’événements en tous genres sur la côte basque, autant je suis plus circonspect sur la capacité du partenariat local et des chefs d’entreprise. Les plus fidèles d’entre eux nous disent : « Ma première priorité, c’est de sauver ma boîte et les emplois. Et après, peut-être, on ira à l’Aviron. » C’est tellement logique et responsable. Donc, ça peut prendre du temps avant de renouer le lien…»
Pau annonce une baisse de son prochain budget
Dans un entretien à Sud Ouest , le président de la Section Paloise, Bernard Pontneau, annonce avoir présenté à la DNACG, gendarme financier du rugby français, un budget prévisionnel de 18 M€ pour la saison prochaine, contre 24,2 cette saison. « Dans cet équilibrage de budget, je ne veux surtout pas sacrifier tout le plan stratégique qu’on a commencé à construire entre la SASP et l’association. On a énormément de travail à faire sur cet axe dans la mise en place d’un système qui est actuellement pauvre. Je veux intensifier l’effort sur la formation et non l’inverse, car ce serait handicaper l’avenir », a-t-il poursuivi.