Des sportifs et des personnalités affichent leur soutien à L’Équipe alors qu’un conflit social paralyse la parution du quotidien sportif depuis dix jours maintenant.
« Reviens vite L’Équipe »: de Chares Biétry à Pierre Lescure en passant par Pascal Obispo et Bernard Pivot, une centaine de personnalités ont affiché lundi leur attachement au quotidien sportif, dont les journalistes sont en grève depuis le 8 janvier.
« Lire L’Équipe manque à beaucoup de monde. Et à nous aussi », écrivent dans une lettre diffusée sur les réseaux sociaux divers représentants du « monde de la culture ou des médias », dont ils pointent les nombreuses « similitudes avec le sport », telles que « l’exigence au quotidien, la préparation, invisible et si importante, la performance et le partage avec le public ». « Les stades et les salles de spectacle génèrent les mêmes émotions. En attendant de pouvoir s’y rendre à nouveau, retrouvons déjà L’Équipe au plus vite », peut-on lire dans cette lettre.
En fin de semaine dernière, plus de 180 sportifs ont rédigé une pétition en soutien à la rédaction du journal sportif. « Je me suis confié à toi, c’était parfois tendu mais on s’est toujours réconciliés […] Reviens vite, fais vivre de nouveau le sport, tous les sports, et continue de nous raconter, de me raconter », peut-on notamment lire dans ce texte intitulé « Reviens-nous vite L’Équipe ! ». À ce soutien du monde sportif s’ajoute aussi celui de la ministre des Sports Roxana Maracineanu. « Le sport traverse une période difficile. On s’est rendu compte ces derniers mois à quel point il est essentiel à notre quotidien. Depuis une semaine on mesure aussi que (le journal) L’Équipe manque au sport », a twitté l’ancienne nageuse.
À l’origine du mouvement, un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévoit la suppression d’une cinquantaine de postes, dont 47 de journalistes, au sein de la SAS L’Équipe (le quotidien, le magazine, Vélo Magazine et l’hebdomadaire France football, en passe de devenir mensuel) qui emploie 350 personnes. Alors que la chaîne L’Équipe n’est pas concernée par le PSE, l’objectif est de réaliser 5 M€ d’économies et d’éviter 6 M€ de pertes en 2021, dans un contexte de baisse des ventes papier aggravé par la crise sanitaire et l’arrêt des compétitions sportives au printemps.
La semaine dernière, la direction a proposé de meilleures conditions de départ, mais aussi une alternative au PSE, une version modifiée d’un projet d’accord de performance collective (APC) rejeté cet été par les syndicats, avec une baisse des salaires de 5 % jusque fin 2024 au plus tard et l’abandon de 10 jours de RTT. L’intersyndicale SNJ, SNJ-CGT, UFICT-CGT, SGLCE-CGT qualifie les « quelques améliorations » déjà obtenues de « pas suffisant (es) ». Elle déplore par ailleurs n’avoir pas reçu de documents détaillant ce « projet alternatif ». Les syndicats réclament la suspension du PSE et une rencontre avec « un représentant du Groupe Amaury (propriétaire de L’Équipe et organisateur du Tour de France) ou un médiateur ».
Dans un courrier adressé jeudi soir aux salariés, Jean-Etienne Amaury, le directeur général du groupe éponyme, a déploré un mouvement en « complet décalage avec la réalité économique de l’entreprise ». « Être une entreprise rentable, tout au moins à l’équilibre » est une « contrainte non négociable », a-t-il insisté.