A l’occasion de la publication de ses résultats pour le troisième trimestre 2018, le groupe Lagardère a officialisé des négociations pour vendre le site Boursier.com. Lagardère poursuit ainsi son recentrage sur l’édition et la distribution dans les aéroports et gares. Prochaine branche à céder : le pôle sport.
Lagardère est entré en « négociations exclusives » avec le groupe les Echos-Le Parisien pour vendre ce site d’informations boursières, a indiqué le groupe en présentant jeudi ses résultats pour le troisième trimestre 2018. Pour Lagardère, le désengagement des médias et du sport se poursuit « conformément aux prévisions », a indiqué Arnaud Lagardère lors d’une conférence avec des analystes. Lagardère va ainsi retirer 52 millions d’euros de la cession de ses magazines français, dont Elle, à Czech Media Invest, le groupe de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, qui a par ailleurs acquis fin octobre 49 % des actions de sa holding Le Nouveau Monde de Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires du groupe Le Monde. Ces derniers mois, Lagardère a également vendu son pôle e-Santé, cédant MonDocteur à Doctolib et Doctissimo à TF1. Le groupe a également cédé sa participation de 42 % dans Marie Claire à la famille Prouvost.
Le groupe Lagardère, qui ne souhaite conserver à terme dans les médias que Paris Match, le Journal du Dimanche et la radio Europe 1, doit également vendre ses chaînes Gulli et Mezzo. Ces chaînes suscitent « beaucoup d’intérêt » chez les acquéreurs potentiels, souligne Arnaud Lagardère, précisant qu’elles pourraient être vendues « avant » la branche sport du groupe, Lagardère Sports & Entertainment. Jusqu’à présent, Arnaud Lagardère n’avait jamais été aussi clair sur ses intentions au sujet de son pôle sport.
Lagardère Sports & Entertainment a reculé de 4,9 % avec des ventes de 90 millions d’euros (pour un chiffre d’affaires total du groupe de 1,895 milliard d’euros). La branche souffre du « point bas » atteint en 2018 dans les cycles de 4 ans des calendriers sportifs, avec l’absence de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et des matches qualificatifs en Asie pour la Coupe du monde, qui avaient porté l’année 2017. Mais le résultat opérationnel de la branche « est assez encourageant », affirme Arnaud Lagardère, sans donner de chiffre.
Avec 496 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017, la branche dédiée au sport a pesé pour 7% dans le chiffre d’affaires total du groupe (6% pour le résultat opérationnel). Pas assez pour répondre aux aspirations des actionnaires. « Nous souhaitons moins de dispersion et donner d’avantages de moyens financiers au deux piliers Publishing et Travel Retail », précisait Arnaud Lagardère lors de la dernière Assemblée Générale du groupe. Qui pourrait s’intéresser à Lagardère Sports ? En 2015, l’agence Infront Sports & Media était rachetée par Dalian Wanda Group pour 1,05 milliard d’euros. Depuis, le conglomérat chinois met la pédale douce sur ses investissements. La liquidation récente de l’agence MP & Silva, détenue par des fonds chinois, prouve que la Chine a ralenti ses investissements à l’international après une boulimie d’acquisitions. Lagardère Sports ne se présente pas non plus en position de force. En juin dernier, l’agence a perdu un contrat de taille. La Confédération asiatique de football (AFC) a préféré confier sa gestion des droits audiovisuels et marketing sur la période 2021-2028 à DDMC Fortis, une société commune entre le chinois DDMC et le suisse Fortis. Selon les estimations, l’accord s’élève à 4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) sur la durée. « Nous avons décidé de ne pas surenchérir car cela n’aurait pas été financièrement prudent », s’était défendu Lagardère Sports & Entertainment, qui était associé pour l’occasion au japonais Dentsu et au britannique Perform. Cet accord couvre toutes les compétitions de l’AFC, dont la Ligue des champions d’Asie, la Coupe d’Asie, qui a lieu tous les quatre ans, et les épreuves qualificatives pour la Coupe du monde. L’association mettra donc fin, au début de 2021, à son partenariat historique avec Lagardère Sports qui avait débuté en 1993. Ce revers ne peut que faire baisser la valeur de cette branche créée en 2007, avec le rachat de Sportfive, même si depuis plusieurs années, elle se recentre sur des activités plus récurrentes (conseil, marketing sportif).