A seulement 19 ans, Kylian Mbappé n’est plus seulement le joueur français le plus cher de l’histoire (prêté au PSG avec option d’achat obligatoire de 180 M€ en 2017). Le plus jeune joueur à marquer un doublé en Coupe du monde depuis 1958 s’annonce comme la star en devenir du football français. Mais avant d’égaler Cristiano Ronaldo ou son coéquipier parisien Neymar, il lui reste du chemin à parcourir.
Une Coupe du monde, ça sert aussi à ça : révéler un talent hors norme. Depuis son incroyable doublé contre l’Argentine de Lionel Messi (4-3) en huitième de finale, la renommée de Kylian Mbappé a dépassé les frontières françaises, où il brille depuis un peu plus de deux ans. Ses dribbles lui ont valu la Une des plus grands magazines de la planète, des comparaisons avec le «Roi» Pelé, et même un édito du prestigieux New Yorker. Car le gamin de Bondy a également cette particularité d’analyser ses performances avec recul. Une maturité étonnante à son âge.
Reste que pour passer à l’échelle internationale, l’écart est important avec les meilleurs. Même s’il a percé sur le moteur de recherche Google au moment du succès contre l’Argentine, jusqu’à pointer en première place des joueurs Français les plus recherchés sur Internet avec 540.500 recherches selon Nano Interactive, Kylian Mbappé ne peut soutenir la comparaison avec Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Neymar, niveau audience. Rien que sur Instagram, Ronaldo touche 133 millions de followers, suivi de Neymar (98,4 millions) et de Messi (96,3). Mbappé en collectionne 10,2 millions.Le «frémissement» était perceptible avant la Coupe du monde. Elu meilleur espoir de la Ligue 1 en mai, le jeune attaquant du PSG était le joueur français le plus médiatisé en 2018 avec plus de 17.000 citations dans la presse depuis le début de l’année, selon Press’Edd.
L’image, ça se travaille. S’il a bien lancé juste avant le début du Mondial son site internet personnel bâti autour de ses initiales, à la manière d’un Cristiano Ronaldo et son célèbre «CR7», Nike, son équipementier et seul sponsor principal à ce stade, pensait surtout s’appuyer sur lui pour développer le marché français. Signe que l’équipementier pose les jalons du futur crack, Nike avait installé une fresque XXL en son honneur – façon Zinedine Zidane à Marseille avec Adidas -, sur l’une des tours HLM de Bondy, lors de sa signature au PSG. Neuf mois plus tard, c’est le stade de France qui arbore le visage de Mbappé: « 98 a été une grande année pour le football français, Kylian est né » (c’était le 20 décembre de cette année bénie, ndlr). Bert Hoyt, vice-président de Nike en charge du football, expliquait récemment à l’AFP que Mbappé, au même titre que l’autre star du PSG Neymar, « ont été importants pour ramener du sport à Paris ». « En jouant au PSG, l’un des plus grands clubs du monde, ils ont créé une immense opportunité autour de la jeunesse parisienne. Nous appelons maintenant Paris, «la ville du sport». »
Le voilà désormais propulsé dans une nouvelle dimension. Un objectif, mais pas une fin en soi. « J’ai voulu être en haut de l’affiche », disait Mbappé au magazine Paris Match avant la Coupe du monde. « Un vestiaire de stars, un club ultra-médiatisé… Il faut assumer, mais j’ai choisi cette vie. »