La journée de repos du Tour de France est attendue par les coureurs mais aussi par les comédiens, animateurs et chauffeurs de la caravane publicitaire qui, pour assurer leur grand spectacle à ciel ouvert, doivent faire fi de la fatigue et des bobos 21 jours durant.
Journées à rallonge, météo capricieuse, risques à éviter… Le grand cirque itinérant a ses contraintes. Le plus dur, ce sont les premiers jours. Après, le corps s’habitue, explique Eva, qui signe avec son amie Camille l’une des animations les plus impressionnantes du cortège en aspergeant acrobatiquement, penchée dans le vide ou tête en bas, le public au jet d’eau du haut d’un des chars Vittel. Par tous les temps, les deux femmes doivent faire le spectacle pendant six à sept heures. Mais leurs journées commencent bien plus tôt, avec un réveil vers 7 heures environ.
Comme leurs camarades des autres marques, avant de prendre la route, elles doivent nettoyer les véhicules de leur caravane, préparer les chars, remplir les cuves de 1.000 litres d’eau qui serviront pour la première partie du trajet. Mais quand il fait froid, les spectateurs ne veulent pas trop être aspergés. Je me suis faite traiter de tous les noms, raconte Camille.
Si l’ambiance est globalement festive, il faut parfois composer avec les spectateurs malintentionnés et les blagueurs de mauvais goût qui jettent toutes sortes de projectiles: glaçons, bouteilles en plastique, poches d’urine… On a déjà reçu un seau de bouse de vache, ajoute Camille. A mi-parcours, il faut recharger la cuve. C’est comme un arrêt au stand de Formule 1! Ca va vite et avec toutes les sangles qu’on a, on ne descend pas faire pipi, sourit Eva.
Au bout de quelques jours, les muscles tirent un peu et les premiers bleus et autres petites coupures sont apparus. Pour éviter ces déconvenues, les deux comédiennes s’échauffent tous les matins pendant 40 minutes. Fabien Willem, lui, fait des vocalises pour préparer sa voix à des heures d’animation sur le char PMU. Je commence le Tour avec une bouteille de citron et miel près de moi puis au fur et à mesure des jours, ça va crescendo, je prends des pastilles, puis du collutoire, détaille-t-il. Avec le Salon de l’Agriculture, c’est le plus fatigant, estime cet animateur professionnel qui opère également sur des concerts, salons et autres rassemblements. Chaque minute, c’est un nouvel univers qui arrive et il faut recommencer avec la même énergie, explique-t-il.
Plus loin, pendant que ses partenaires chargent une partie des 150.000 madeleines Saint-Michel qui seront distribuées sur la route, Jules Haesaert, 24 ans, s’apprête à prendre les commandes du char en forme de poule qui ouvre le cortège de la marque. Fleuriste à Cambrai et pratiquant aguerri du quad, il manie avec dextérité l’engin haut de près de 4 mètres. Ca prend beaucoup le vent. Dans les descentes, on atteint 80-90 km/h et dans les virages, je me retrouve régulièrement sur deux roues, raconte-t-il. C’est comme de la compétition, il n’y a pas un moment de répit, il faut être tout le temps vigilant à cause de la route, des gens… Au bout de trois semaines, t’es K.O, poursuit-il.
Mais comme tous les participants à la caravane, il n’échangerait pas sa place: C’est génial, tout le monde est heureux. Même les gens de 45 ans, ils ont 10 ans au bord des routes ! Et quand on rentre à la maison, ça fait bizarre de ne plus être acclamé.