Les marathons de New York, Paris ou de Londres vous font rêver ? Et avaler les 42,195 km de la distance mythique en moins de deux heures, est-ce que vous y avez déjà pensé ? Nike lance un défi hors du commun : établir une nouvelle marque mondiale sur le marathon en moins de 120 minutes. Une trouvaille publicitaire ? Est-ce seulement possible ? Et quand ?
Pour réaliser une telle performance, il suffit d’abattre le record du monde actuel de 2 minutes et 58 secondes (2h02.57) du Kenyan Dennis Kimetto (réalisé à Berlin en 2014). Mais si l’homme a dompté le seuil des dix secondes sur le 100 mètres depuis plusieurs décennies maintenant, c’est une autre paire de manches sur une distance comme le marathon. Nike lance le défi et fait référence au Britannique Roger Bannister, le premier, en 1954, à courir le mile (1609,34 m) en moins de quatre minutes (3 minutes 59,4 secondes) au stade d’Iffley Road à Oxford. Pour la firme de Portland, Bannister a brisé un record, tout simplement redéfini la capacité d’un athlète et a inspiré des générations ultérieures parce qu’il se sentait en mesure d’essayer.
Nike a appelé son défi «Breaking 2» (jeu de mots pour : «battre 2 heures»). L’équipementier américain présente les trois athlètes sélectionnés pour réaliser cette entreprise un peu folle : le champion olympique de Rio le Kenyan Eliud Kipchoge (32 ans), l’Ethiopien Lelisa Desisa (26 ans), double vainqueur à Boston, et l’Erythréen Zersenay Tadese (34 ans), détenteur du record du monde du semi-marathon (58:23). Ils ont été choisis en tenant compte de leurs performances mais aussi de leur possible marge de progression. Ils ont aussi l’avantage d’être tous des athlètes Nike. Autour d’eux, l’équipementier, qui travaille sur ce projet depuis deux ans, a engagé des scientifiques : ingénieurs, physiciens et entraîneurs. Propriétés aérodynamiques, stratégies de rythme en course, nourriture, entraînement, chaussures et maillot de course, météo sont passés au peigne fin. Nike a toujours regarder plus loin pour casser les barrières et, l’idée d’un marathon en moins de deux heures est revenue à plusieurs reprises, explique la marque. Animée par une inébranlable passion pour le running, Nike a commencé à travailler sur une chaussure de marathon spécifique depuis 2013. Cet effort s’est forcément transformé par un engagement à 100% durant l’été 2014, précipitant la formation de l’équipe de Breaking2. Tout ce qui peut avoir un impact sur la performance d’un marathonien a été pris en compte.
L’évolution physiologique et les progrès réalisés à l’entraînement font que la barre des 2 heures sera un jour abattu. Mais un jour… pas nécessairement en 2017 comme l’espère Nike. Pour courir en moins de 120 minutes, il faut être capable de réaliser 2 minutes 50 secondes par kilomètre. Ce qui est tout simplement impensable pour le commun des mortels et même des coureurs. Présenté autrement, il s’agit de soutenir une moyenne de plus de 21 km/h pendant 42,195 km. Lorsque Kimetto a établi le nouveau record du monde, le 28 septembre 2014 (en avalant chaque kilomètre en 2 minutes 55), il avait abaissé de 26 secondes le précédent record réalisé douze mois auparavant au même endroit par Wilson Kipsang (2h03:23). C’est dire si l’exploit de casser la barre des 2 heures serait mémorable.
Le magazine Runner’s World avait étudié cette question des deux heures. En analysant des milliers de données, il en a déduit qu’il faudrait un parcours à faible dénivelé Berlin, Chicago, Dubaï, Londres ou Rotterdam et un marathon disputé en mars ou en novembre pour espérer exploser la mythique barrière. Sans oublier que l’athlète susceptible de devenir une légende devra être jeune, plutôt «sec» physiquement, très fort psychologiquement et disposer d’exceptionnelles capacités respiratoires. Le magazine aurait pu rajouter : et porter une chaussure avec la virgule… La date de la tentative et le lieu de l’épreuve ne sont pas encore connus, mais le marathon de Berlin semble exclu. Le tracé le plus rapide du monde… est sponsorisé par Adidas.