Moins médiatisé que les projets des stades de football construits ou rénovés dans l’optique de l’Euro 2016, le dossier de la future enceinte du club de rugby du Racing-Métro 92 suit son chemin sans faire de bruit. Le projet Arena 92, nom de code du futur équipement, franchit les étapes une à une. Un dossier totalement privé et rondement mené.
Avec le grand stade de Lille en construction, l’Arena 92 est sans conteste le projet le plus innovant actuellement en cours en France. Pour quelles raisons ? La première tient dans la genèse du dossier. Le Racing-Métro 92 évolue aujourd’hui dans le vétuste stade Yves-du-Manoir, à Colombes (Hauts-de-Seine). Un lieu certes rempli d’histoire pour le sport français, mais l’équipement est totalement suranné pour un club aussi ambitieux que le Racing. Au lieu de demander aux pouvoirs publics une énième rénovation ou bien la construction d’un nouvel équipement, Jacky Lorenzetti, le propriétaire-mécène du club francilien, a décidé de tout faire tout seul. Ou presque. Pour conduire son ambitieux projet, il a créé Racing Arena et pour l’exploiter StadOme. Les deux structures étant des filiales de son holding, Ovalto Investissement. Du financement des études préalables à l’élaboration du projet, choix de l’architecte, emplacement, tout passe par lui.
Implanté dans le quartier de La Défense
Le lieu d’implantation de l’Arena 92 est une autre caractéristique du dossier. Qui dit nouvelle construction, dit nouvel emplacement avec, en général, un besoin en infrastructures de transport alentour (cf. le problème dOL Land à Lyon). Pas ici. L’Arena 92 trouvera place à Nanterre (Hauts-de-Seine), juste derrière l’Arche de la Défense ! Erigé entre deux gares du RER, il permettra à 80% au moins des spectateurs de venir en transport en commun. Un emplacement atypique pour ce type d’infrastructure, mais qui peut rapporter gros. Le projet diffère aussi par son architecture. Le Racing ne veut pas construire le plus beau stade, ni le plus grand (32.000 places assises sont suffisantes pour le rugby). Mais il va tout de même frapper les esprits avec sa forme de fer à cheval. Sa réalisation sera assurée par le cabinet d’architecture de Portzamparc et le groupe Vinci. Le projet retenu se veut innovant avec non seulement un toit rétractable, une modularité exemplaire (de 15.000 à 40.000 places possibles pour des spectacles culturels) et une pelouse synthétique. Une première pour un stade de rugby en France. L’enceinte sera d’une taille intermédiaire entre le POPB et le Stade de France, souligne Christian de Portzamparc. La partie plus plate des tribunes sera utilisée comme scène pour les concerts. La première rangée de spectateurs sera à 4,50 m seulement de la ligne de touche. Mieux que dans les stades anglais !
Coût du stade : 320 millions d’euros. Un emprunt bancaire devrait couvrir 60 à 70% de l’opération selon Jacky Lorenzetti, qui sera lui-même partie prenante dans le projet via Ovalto Investissement, accompagné de financiers. L’Arena 92 n’utilisera que des fonds privés, assure Jacky Lorenzetti. Il n’y aura pas un euro de fonds publics dans l’opération. Même si l’opération est réalisée en concertation avec la ville de Nanterre, l’Etablissement public d’aménagement La Défense Seine Arche (Epadesa), propriétaire du terrain, et le Conseil général des Hauts-de-Seine.
Dirigée par Pascal Simonin, ex-patron du consortium du Stade de France, StadOme entrera ensuite en piste pour assurer l’exploitation de l’enceinte. Un partenaire venant du monde du spectacle devrait rejoindre ce tour de table. Dans le modèle économique d’Arena 92, il y a bien sûr les matches de rugby. Jacky Lorenzetti table sur 18 rencontres par an. Ce qui implique la qualification du Racing pour la Coupe d’Europe chaque saison. Comme pour les autres équipements sportifs polyvalents, le projet prévoit également d’autres événements. Une quarantaine de spectacles par an sont ainsi envisagés.
La commercialisation des loges fait partie intégrante du business plan qui compte aussi sur le naming avec un partenaire engagé pour quinze ans minimum. Comme dernière originalité, Arena 92 proposera 30.000 m2 de bureaux. Toute une partie du stade (ce qui explique sa forme en U) est dédiée à de l’immobilier d’entreprise. La location de cet espace devant assurer une grande partie des recettes du futur stade et le rendre moins dépendant des aléas sportifs lorsqu’il entrera en fonction, au troisième trimestre 2014. Selon les prévisions, la construction de l’Arena 92 créera 2.800 emplois. Le maire de Nanterre, Patrick Jarry, indique avoir trouvé un accord avec le Racing pour que la construction génère cent mille heures de travail réservées aux habitants de la commune. Pour le Racing-Métro 92, c’est un premier pas dans une longue course d’obstacles, estime son propriétaire. Nous avons mis la barre très haute. Le sportif devra être à la hauteur.