Tant qu’il y aura des histoires comme celle-ci, le rugby n’a rien à craindre du professionnalisme pour ses valeurs… et son histoire. Comme à ses plus belles heures, le rugby pro et le rugby fédéral se sont déchirés la semaine dernière en Eurovision.
Le clash vient de l’élection de Jean-Pierre Lux à la présidence de l’ERC, instance qui organise les compétitions européennes de rugby. Un Français porté à la présidence, il y aurait de quoi se réjouir dans n’importe quel sport. A fortiori lorsque celui-ci est réélu pour un cinquième mandat consécutif de trois ans. Pas au rugby. Sa réélection a déclenché l’ire de la Ligue nationale de rugby (LNR). La ligue n’a pas apprécié de voir la Fédération française de rugby (FFR) lui couper l’herbe sous le pied en invoquant l’intérêt supérieur du rugby et lui subtiliser ses quatre voix, contre une pour la FFR, afin de voter Jean-Pierre Lux.
L’intérêt supérieur du rugby est une notion définie en cinq points dans la convention qui lie la FFR à la LNR. Ces cinq points sont: priorité à l’équipe de France ; intégrité physique des joueurs ; équité sportive ; valeurs et promotion de l’image du jeu et renforcement de la solidarité sportive. A priori, autant de points qui n’ont rien à voir avec l’élection d’un président à l’ERC… D’où la colère des dirigeants de la LNR. Son communiqué vaut tous les discours : L’ERC a ainsi accepté de se prêter à ce que la LNR considère être une mascarade électorale, en organisant des élections dans des conditions bafouant la lettre et l’esprit des accords qui régissent son fonctionnement, et en acceptant que la FFR prive la LNR de ses quatre voix. Pour ce faire, la FFR n’a pas hésité à invoquer l’intérêt supérieur du rugby français qui n’était en rien menacé, ce qui ne peut qu’apparaître que comme une grande supercherie mise en oeuvre dans des conditions ne respectant en rien la convention entre la FFR et la LNR, et encore moins les accords régissant le fonctionnement de l’ERC. Jean-Pierre Lux est donc élu à la présidence de l’ERC, sans obtenir l’adhésion et les votes des institutions des clubs anglais, français et gallois représentant la grande majorité du poids économique des Coupes d’Europe, et en conséquence sa représentativité apparaît bien faible. La LNR entreprendra dans la sérénité toutes les actions nécessaires pour faire valoir ses positions. Dans la sérénité, vraiment ?