Etre une ville favorite de suffit pas pour décrocher l’organisation des jeux olympiques. L’attribution des JO n’est pas davantage un concours de beauté technique, selon des spécialistes de grands événements sportifs présents lors du forum City Events, à Lausanne, réunissant organisations sportives et administrations publiques. Pour l’avoir oublié, ou mis de côté, plusieurs dossiers comme celui de Paris 2012, sont tombés de très haut. Explications.
Des dizaines de dossiers de candidature à l’organisation des Jeux olympiques sont passés entre les mains de Michael Payne. Aujourd’hui consultant dans le milieu sportif, l’homme a oeuvré pendant vingt ans en tant que directeur marketing du Comité international olympique (CIO). L’erreur est de penser que celui qui a le meilleur dossier technique va automatiquement gagner, a expliqué Michael Payne à Lausanne, ville qui abrite également le siège du CIO. Pour les organisations sportives, ce n’est pas nécessairement un concours de beauté technique. Certes, ils veulent s’assurer que la ville candidate puisse remplir les standards minimum mais ensuite une foule d’autres facteurs rentrent en compte, ajoute-t-il.
Pourquoi vous voulez les Jeux ?
Lors de la dernière campagne pour les Jeux d’été de 2016, tout le monde était si focalisé sur les aspects techniques, qu’une seule ville, Rio, est parvenue à répondre à la question : Pourquoi vous voulez les Jeux ?, a-t-il souligné. Alors que Chicago avait comme atout le président Barack Obama, le Brésil a su mettre en avant qu’il était prêt à offrir à l’Amérique du Sud ses premiers JO, après tant d’éditions en Amérique du Nord et en Europe. De même pour les Jeux de 2012, où la France s’est fait griller la politesse de justesse par Londres. J’avais bien dit à Londres : vous ne pourrez jamais gagner contre Paris si c’est un examen technique. Vous devez présenter une vision et ils ont eu l’idée de mettre en avant la jeunesse, a raconté Michael Payne. Le choix du capitaine du navire joue également un rôle important. Londres peut en témoigner avec Sebastian Coe. Dans sa précédente candidature, Londres n’avait pas compris certains rouages. Ils avaient un excellent manageur, mais il était Américain et non Britannique. Tant qu’elle n’avait pas changé cela, Londres n’allait nulle part, a pointé le consultant.
Stockholm est venue à City Events faire son autocritique. Convaincue d’obtenir les JO du centenaire en 2004, tant elle avait multiplié les investissements dans les structures et bien ficelé son dossier, la ville suédoise a cherché à comprendre comment elle avait pu se faire dépasser par Athènes. Nous avions négligé deux choses : l’opinion publique et la couverture médiatique négative, a avancé Annika Malhotra, responsable des grands événements à la ville de Stockholm. Alors que l’économie traversait une crise, les Suédois pensaient que leur pays avait plus de chance d’obtenir les Jeux d’hiver et les critiques ont fusé dans la presse, selon elle.
A l’excellence du dossier technique, à la nécessité d’un leadership incontestable, et bien évidemment aux garanties financières indispensables, un facteur irrationnel peut s’ajouter : la chance.
Il faut avoir aussi un peu de chance car cela reste une compétition, assure Michael Payne. Ainsi, Paris 2012 aurait perdu plusieurs voix par la faute de bons mots de Jacques Chirac. Quelques jours avant le vote crucial du CIO à Singapour en 2005, lors d’un sommet du G8, le président de la République de l’époque avait cité la Finlande et la Grande-Bretagne comme ayant les pires cuisines au monde, s’attirant par la même les foudres des votants scandinaves.
La Chine, pays le plus attractif
La Chine se classe en tête des pays les plus attractifs pour la tenue de grands événements sportifs devant le Royaume-Uni et la Russie, selon une étude de Sportcal. La France arrive en 7e position derrière l’Italie, le Canada et l’Allemagne, mais talonnée par le Brésil.
Cette étude prend en compte 700 événements majeurs entre 2007 et 2018, sujets à rotation, auxquels sont attribués des valeurs en fonction de leurs impacts économiques, financiers, sportifs et médiatiques. Sur cette période, la Chine arrive largement en tête, ayant continué sur la lancée des jeux Olympiques de Pékin en 2008 à accueillir de grands rendez-vous, comme les Jeux asiatiques en 2010, les Universiades d’été en 2011, les jeux Olympiques de la Jeunesse en 2014 et les Mondiaux d’athlétisme 2015. La Chine a aussi capté sur cette douzaine d’années le plus grand nombre de championnats du monde. Mais dès l’année prochaine, la Russie lui passera devant.