Vendredi 18 septembre, la Coupe du monde de rugby démarre en Angleterre. C’est aussi le jour choisi par le journal L’Équipe pour lancer sa nouvelle formule, marquée par un changement de format afin d’être plus lisible.
Dans quelques semaines, le changement sera peut-être une évidence pour les lecteurs du journal L’Équipe. Dans les tuyaux depuis des années, le plus grand quotidien français en taille adopte le format dit tabloïd. Celui popularisé par les quotidiens anglais comme The Sun. Exit le broadsheet avec son XXL (56×38 cm), bonjour le format poche (36×28 cm), adopté par de très nombreux journaux dans les années 2000. Difficile à déplier sans gêner son voisin, pour reprendre l’idée de Cyril Linette, directeur général du groupe, sa taille serait devenue un frein à la lecture. En cause, notamment, la longueur de certains articles : Ça fait peur, on veut lire, mais on se dit qu’on ne va pas y arriver. Au-delà du changement cosmétique, l’unique quotidien de sport en France lance un plan stratégique de relance du titre.
Ce changement intervient après une année 2014 difficile pour L’Équipe, qui a vu sa diffusion reculer de 9,76% à 219.955 exemplaires en moyenne chaque jour, selon les chiffres de l’OJD, l’organisme de référence pour la diffusion des médias imprimés. Une réelle contre-performance. Le calendrier 2014 était favorable au sport avec les Jeux olympiques d’hiver à Sotchi et la Coupe du monde de football au Brésil. La baisse se poursuit. Au cours du premier semestre 2015, L’Équipe, avec une diffusion de 211.283 exemplaires quotidiens, connaît une baisse de 2,22% par rapport au 1er semestre 2014.
L’effet nouveauté devrait aider à faire remonter les ventes. Passé la découverte, la nouvelle formule va devoir convaincre. C’est un changement de forme, de fond et culturel. Notre préoccupation, c’est de signifier un changement au lecteur, mais sans le perdre, a expliqué Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction de L’Équipe, propriété du groupe Amaury. Le mandat de Jérôme est de faire un journal mieux rangé, plus lisible et innovant, résume Cyril Linette, qui a qualifié le quotidien de doudou des fans de sport. L’ancien directeur des sports du groupe Canal+ ne veut plus que le journal soit un journal de la veille, mais du jour. L’ancienne équipe appréciera… Mais la formule résume finalement assez bien toute la problématique de la presse écrite aujourd’hui. Comment rivaliser avec les chaînes d’info en continu, les chaînes de sport et Internet ? On veut un journal plus chaud le matin, a poursuivi Cyril Linette.
Sur la forme, à l’intérieur de ses pages, L’Équipe version tabloïd veut alterner la haute couture et le prêt-à-porter en rapprochant la rédaction de la direction artistique pour mettre en forme des contenus plus visuels et avec quelques références aux jeux vidéos, a détaillé Jérôme Cazadieu. Sur le fond, le titre entend aussi être plus incisif en proposant deux enquêtes par mois, et plus participatif en interrogeant les lecteurs sur le choix de certains sujets. La Une doit montrer que nous ne sommes pas qu’un journal de foot, a insisté le directeur de la rédaction. Une affirmation contredite par l’édition du jour. Celle-ci montre le PSG triomphant en Ligue des Champions des Suédois de Malmö alors que l’équipe de France de basket se qualifie pour les demi-finales de son Euro… Mais il est vrai que nous ne sommes pas encore au nouveau format !
Son ambition est également de faire davantage coexister les deux rédactions pour qu’il y ait plus de synergie entre le print et le numérique. C’est une autre raison de ce changement de format. Cyril Linette rappelle en effet que la marque L’Équipe déclinée sur le papier, le web et en télévision (L’Équipe 21) représente 24 millions de contacts. On a le site internet pour l’exhaustivité, fait valoir Linette. Le papier devrait être surtout réservé à l’analyse et au décryptage.
D’ici la fin 2015, L’Équipe espère voir ses ventes augmenter de 5 à 10% avec un prix de vente (1,30 euro) inchangé, alors que la pagination augmente avec, en moyenne, une quarantaine de pages.