La thématique du développement durable devient une composante essentielle du sport en général et du sport business en particulier. Cette nouvelle donne trouve sa place au sein de l’association Sporsora avec la commission Développement Durable. Edouard Donnelly, directeur-associé du cabinet de conseils Keneo et animateur de la commission, nous en explique les enjeux pour les acteurs de l’économie du sport.
L’un des buts de la commission Développement Durable est de réfléchir avec les acteurs de l’économie du sport sur cette thématique, explique Edouard Donnelly. A l’intérieur de la commission, on retrouve aussi bien des acteurs engagés comme GDF Suez que des organisateurs avec le Stade de France. Le sport ne peut plus ignorer sa responsabilité face aux enjeux liés au développement durable. Chaque acteur doit tenir compte dans ses objectifs des contraintes, mais également des opportunités.
Dès 1994, le Comité international olympique (CIO) a intégré l’environnement comme pilier de la Charte olympique. Mais ce sont bien les entreprises qui sont prescriptrices dans ce domaine. Pressées par des contraintes réglementaires, la majorité des grandes entreprises ont développé une démarche de développement durable. Des directions du développement durable sont apparues pour définir et conduire les politiques à tenir. Il existe en effet une demande de plus en pressante des partenaires du sport, à fortiori lorsqu’ils sont eux-mêmes engagés dans cette démarche, confirme Edouard Donnelly. Si bien que ce sont les entreprises partenaires du sport qui poussent aujourd’hui leurs interlocuteurs à adopter une démarche similaire. Le sport avait effectivement pris du retard, acquiesce Edouard Donnelly. C’est une des raisons qui peut expliquer pourquoi la France n’arrive pas à construire un circuit de Formule 1 aux standards actuels.
Londres 2012, premier événement conforme à la norme ISO 20121
Le sport a cette vertu de pouvoir sensibiliser le plus grand nombre. Dommage de s’en priver. Le big bang est attendu pour 2012. La future norme ISO 20121, intitulée Organisation d’événements et développement durable, est en cours d’élaboration. Elle constituera un cadre international afin de promouvoir le développement durable (choix du lieu, gestion des transports, chaîne logistique, etc.) dans les critères d’organisation d’événements. Sporsora participe d’ailleurs au groupement français qui pèse sur l’élaboration de cette norme. Sans attendre son entrée en vigueur, prévue pour les Jeux olympiques de Londres, plusieurs manifestations ont mis en place une démarche de développement durable. Dans l’organisation des grands événements sportifs, la Coupe du monde de rugby 2007 en France a servi de catalyseur en s’associant avec l’Ademe. Le comité de candidature de l’Euro 2016 a préparé tout un chapitre sur le sujet comme lui demandait l’UEFA. Annecy, pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2018, a même fait de cette thématique l’axe central de son dossier de candidature. Du reste, le ministère des Sports vient d’organiser les assises nationales du sport et du développement durable. Le mouvement est donc en marche.
Opportunité supplémentaire d’activation du partenariat
Mais pour quels enjeux finalement ? Ils sont de trois ordres. Environnementaux bien sûr. Avec en premier lieu, la question des transports. Les émissions de carbones liées aux déplacements des spectateurs qui se rendent sur une manifestation sportive sont très élevées. L’enjeu est également sociétal puisque le sport joue un rôle essentiel pour la santé. L’enjeu est enfin économique. Maximiser les infrastructures existantes et préférer les installations temporaires évitent les éléphants blancs, plus coûteux que bénéfiques pour la communauté. C’est aussi une pérennisation des financements avec des partenaires qui soutiennent dans la durée un événement ou une organisation sportive. C’est également un moyen d’attirer des financements publics, ajoute Edouard Donnelly. C’est enfin, et c’est de plus en plus vrai, une opportunité d’activation de son contrat de sponsoring. Le partenaire a ainsi l’occasion de mettre en avant sa propre politique de développement durable et d’en faire bénéficier l’organisation.
En évitant l’écueil du greenwashing. Toute communication dans ce domaine doit être construite autour d’indicateurs clés de suivis afin de prouver les progrès réalisés. Pour l’instant, le sport est préservé de cette dérive, estime l’expert de Keneo. Pour éviter ce type d’erreur, Sporsora va éditer un guide sur cette thématique : Sport Durable, outils et bonnes pratiques. Nous allons présenter un guide sur le sport et le développement durable. A l’intérieur, nous avons retracé la situation actuelle, et listé les enjeux à venir, détaille Edouard Donnelly. Nous avons également recensé quelques-unes des meilleures pratiques dans le domaine.