Une passion – le sport – au service du droit, Didier Poulmaire, avocat associé au cabinet PoulmaireJacob revient pour Sponsoring.fr sur cette alchimie qui a donné naissance au 1er cabinet dédié au sport et à lentertainment. Il nous livre son point de vue sur le sport quil défend en athlète.
Qu’est-ce qui dans l’actualité sportive des derniers mois vous a interpellé ?
Le chiffre du déficit des clubs français : 91 M ! Je me suis dit cest quand même le sport qui compte le plus de pratiquants, qui suscite une passion absolue, qui enregistre des records daudience et les sommes les plus importantes investies par les sponsors. Et, malgré cela, les clubs jouent dans des stades vieillissants, le nombre de licenciés baisse, la FFF a annoncé une perte de 200 000 de ses licenciés pour cette saison
Je ne veux pas donner de leçon mais ce nest pas une grande réussite. Les questions du modèle du sport, du sport collectif et en particulier du football se posent.
Que préconisez-vous ?
Asseoir autour dune table des professionnels de différents univers qui pourraient apporter des ébauches de solutions. Le modèle sportif est-il toujours adapté au monde daujourdhui ? Où débattons-nous de ce sujet ? Je trouve que le sport fonctionne en vase clos ce qui lempêche dévoluer. Les gens qui ont des idées ne rentrent pas forcément dans le moule et sont marginalisés, je nen suis pas exempt. Pourtant, il y a des gens brillants mais pas de volonté stratégique forte pour que les choses changent. Nous avons lun des plus beaux stades dEurope avec le Stade de France, mais occupé par aucune équipe. Sommes-nous bien organisés ? Ne faudrait-il pas sinspirer de ce qui réussit à létranger ? Je pense aux pays anglo-saxons, leur modèle nest pas transposable à la France mais il pourrait être adapté à notre culture.
Qui devrait prendre des initiatives en ce sens ?
Je suis un professionnel impliqué dans le sport avec un regard pratique de terrain. Le point de départ est le politique. Or, je nai pas ressenti de volonté forte de faire évoluer le sport en France. Ce nest pas une priorité ! Pourtant le sport a des vertus pour le fonctionnement de la société sur les plans sportif, éducatif, économique… Dailleurs, on constate des dysfonctionnements. Le PSG racheté par le Qatar est la meilleur illustration de la méfiance des milieux daffaires français pour le football. On ne peut que le déplorer. Cela montre bien les lacunes en France, notamment de ne pas avoir réussi à motiver les gens qui ont les moyens dinvestir.
Pourtant, le sponsoring sportif se porte plutôt bien en France…
Certains conseils ont réussi à amener des entreprises dans le sport, cest vrai, mais le mariage entre le sport et les entreprises est plus un mariage de passion ou dargent que de raison pour espérer un retour sur investissement. Les entreprises ne comprennent pas toujours le sport dans ses rouages les plus actifs et les acteurs du sport ne comprennent pas toujours les contraintes et les exigences des entreprises. Il faudrait un respect plus fort et une grande implication des intermédiaires à réussir ces mariages.
Vous-même vous accompagnez certains mariages…
Je réalise, en effet, des contrats de sponsoring pour des groupes du CAC 40 et je représente et défends les intérêts de mes clients, quelques sportifs. On ma dailleurs pris à tort pour un agent !
Quelle mesure prendriez-vous en faveur des sportifs ?
Protéger le sportif et sintéresser à son statut. Le législateur protège toujours les faibles. Or le sportif est un faible dans une organisation. Les fédérations qui ont une délégation de service public nont pas rempli leur rôle. Les cas Laure Manaudou, Jeannie Longo, Marie-José Perec, Amélie Mauresmo, qui ont grandi en marge des fédérations, sont symptomatiques.
Vous avez choisi de vous tourner vers le droit du sport. Racontez-nous.
Le sport est une passion. Jai toujours pratiqué du sport : foot, tennis, natation. Jai même voulu faire sport études. Jai commencé à associer ma passion à mon métier davocat au sein du cabinet Gide Loyrette Nouel où jai développé une cellule Sports & Entertainment. En 2005, jai décide de me mettre à mon compte et créé Poulmaire Jacob qui est devenu le premier cabinet dédié au sport et à lentertainment.
Comment est né ce projet ?
Du constat quil nexistait pas encore de cabinet entièrement dédié au sport et à lentertainment, qui soit notamment capable doffrir une palette complète de services pour traiter toutes les problématiques juridiques. Nos clients peuvent compter sur des juristes spécialisés connaissant les enjeux et les risques liés au développement du business dans ces secteurs en pleine mutation.
Aujourdhui, sur quels dossiers travaillez-vous ?
Je me positionne aux côtés de ceux qui investissent ou veulent investir pour faire évoluer le sport en bien, améliorer le spectacle sportif, les performances, laccueil du public dans les arènes et la perception de ce dernier des sportifs.
Pascale Baziller