Après la tricherie du groupe Volkswagen sur certains de ses modèles diesel, les programmes sportifs d’Audi (endurance) et de Volkswagen (rallye) ont été touchés. Le club de football du VfL Wolfsburg aussi avec le gel du projet de construire un centre pour la formation des jeunes, dont le coût était estimé entre 30 et 40 millions d’euros. Mais curieusement, Porsche reste épargné alors que le groupe allemand annonce la suppression de 30.000 emplois dans le monde (sur un total de 610.000 salariés). Y aurait-il deux poids deux mesures ?
C’était à prévoir. L’annonce soudaine de l’arrêt des programmes d’Endurance et de Rallye n’était que le prélude à un séisme social chez Volkswagen. Le groupe allemand annonce un plan historique de réduction des coûts. Il prévoit, d’ici à 2020, 4 milliards d’euros d’économie par an, impliquant la suppression de 30.000 emplois, dont les deux tiers en Allemagne. Outre-Rhin, les réductions d’effectifs concerneront principalement les sites du nord du pays et se feront sans licenciement sec, via des mises à la retraite anticipée et du temps partiel lié à l’âge. A l’étranger, l’essentiel des suppressions d’emplois aura lieu en Amérique du Nord et au Brésil, où les ventes se sont effondrées.
Dans le groupe Volkswagen, le programme Porsche ne semble pas menacé. Si le groupe n’a pas hésité à couper ses investissements en rallye pour Volkswagen et à amputer celui en endurance pour Audi, Porsche est préservé. Parce que le patron du groupe VW (Matthias Müller) était l’ancien patron de Porsche ? Trop simple. Tout comme faire du «dieselgate », la seule et unique raison de ce virage à 180 degrés. Le retrait de la marque aux anneaux est en réalité logique, surtout depuis le retour de Porsche en 2014. Prestigieux et réputés dans le monde entier, les deux constructeurs allemands ont beau faire tous les deux partie du groupe, la compétition automobile est là avec un gagnant et un perdant. Avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur le plan médiatique. Plus encore dans une discipline qui se veut une vitrine technologique pour les voitures de demain. Audi a toujours été intransigeant en élevant au plus haut niveau le diesel dans la catégorie reine de l’endurance (treize victoires aux 24 Heures du Mans depuis son arrivée en 1999). Or, faire courir des prototypes avec ce type de motorisation n’est sans doute pas la meilleure stratégie pour améliorer une cote de popularité en berne. D’autant que la firme d’Ingolstadt a aussi changé sa ligne de conduite pour l’avenir.
Audi tourné vers un futur électrique
Audi privilégie désormais la voiture électrique. Le constructeur compte en faire de même dans le sport. Nous allons nous concentrer sur les courses utilisant l’énergie électrique à l’avenir. Comme nos voitures de production utilisent de plus en plus le mode électrique, nos voitures qui roulent en sport automobile doivent en faire de même, commente Rupert Stadler, le président du directoire de la marque aux anneaux. Voilà pourquoi l’implication d’Audi en Formule E va s’intensifier avec la création d’une équipe à part entière pour la saison 2017-2018 tout en continuant le partenariat avec le team Audi Sport ABT Schaeffler.
C’est d’ailleurs tout le groupe allemand qui procède à un virage stratégique. La crise des moteurs diesel sert de prétexte pour entamer une immense restructuration. Les 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires du groupe masquent une la rentabilité en baisse (1,6% sur les neuf premiers mois de l’année) de la marque principale : Volkswagen. La révolution liée à la voiture électrique et au numérique va bouleverser le secteur automobile, alors que le constructeur est resté longtemps étranger à ces deux tendances. Or, la voiture électrique est beaucoup plus simple à construire et implique beaucoup moins de pièces à usiner et monter. Et donc beaucoup moins de salariés… Les milliers emplois supprimés d’ici à 2020 ne sont qu’un début.