La Formule 1 a rassemblé 80 millions de téléspectateurs en moins lors de la saison 2009 par rapport à 2008. Une affirmation qui n’est pas gratuite mais tirée d’un rapport de la Formula One Management (FOM). Soit la société qui gère et commerciale les intérêts de la F1.
La crise, c’est aussi ça. Ce n’est pas seulement des circuits qui ne voient pas le jour où dont le taux de remplissage baissent dangereusement, des sponsors qui s’évaporent, ou des écuries surgis de nulle part mais qui peinent à boucler un budget digne de la F1, la crise c’est également une fuite des téléspectateurs du monde entier. D’une saison à l’autre, la Formule 1 a perdu 13% de son auditoire ! Soit la plus belle gamelle télévisuelle de la discipline depuis cinq ans.
La cause ne serait pas seulement conjoncturelle. Elle serait également structurelle. A vouloir faire le grand écart, la F1 aurait commis une erreur d’appréciation de son marché. Vouloir organiser toujours plus de Grand Prix dans les pays émergents pour favoriser ses recettes et dénicher de nouveaux débouchés, c’est bien. Comme de continuer à favoriser l’Europe, berceau de la F1, en programmant des Grands Prix à des horaires inhabituels. Sauf quand les deux intérêts s’entrechoquent.
Des horaires de diffusion défavorables en Asie
Cette baisse de 80 millions de téléspectateurs (ils étaient 520 millions au total en 2009 contre 600 millions en 2009) serait directement liée à la programmation d’horaires de départ plus tardifs, selon la FOM. Ces dernières années, la F1 a joué avec les horaires des départs (le Grand Prix de Singapour et d’Abu Dhabi se sont déroulés de nuit ou au crépuscule, les Grands Prix d’Australie et Malaisie ont débuté plus tard), pour satisfaire le marché européen, qui est encore le plus lucratif au niveau des droits de retransmission. En conséquence, dans certaines régions, surtout l’Asie, la F1 est entrée en conflit à la télévision avec d’autres sports.
Mais il n’y a pas qu’en Asie que la F1 a perdu terrain. Plusieurs pays diffuseurs ont connu une baisse d’audience plus ou moins marquée. A l’inverse, l’Angle-terre (l’effet Jason Button ?) aurait préservé une bonne audience.
Or, une audience qui baisse influe nécessairement sur le prix des droits TV. D’où le dilemme suivant : qui favoriser ? Cinq chaînes de télévision en Europe (RTL en Allemagne, RAI en Italie, BBC en Angleterre, la Sexta en Espagne et TF1 en France) représentent, en terme financier, 60% du chiffre d’affaires de la F1 en droits TV et environ 190 millions de téléspectateurs cumulés. Alors que la Chine représente 30 millions de téléspectateurs, le Japon plus de 35 millions et le Brésil 93 millions. Mais ces trois pays ne rapportent qu’un tiers des revenus de la F1.