La Formule 1 change de chaîne. Canal+ récupère les droits de la F1 pour les trois prochaines saisons en exclusivité et en intégralité. Après la Ligue des champions, TF1 cède un nouveau droit de son portefeuille.
La Formule 1 sera toujours diffusée en France. Mais plus sur une chaîne en clair. Dès le 17 mars, avec le Grand Prix d’ouverture en Australie, Canal+ prendra le relais de TF1 en devenant le diffuseur officiel du Championnat du monde. Les droits couvrent la retransmission exclusive des essais libres, des qualifications. Canal+ va également diffuser le jour de chaque Grand Prix un grand magazine en clair consacré à la Formule 1. Ce résultat était attendu. Dans d’autres pays, la F1 était déjà passée sur des chaînes cryptées. En Angleterre, le partage des droits entre la BBC et Sky a fait l’effet d’une bombe il y a plus d’un an. Il faisait voler en éclat le modèle de diffusion gratuite de la F1 pour favoriser l’exposition des sponsors. Au cours des derniers mois, TF1, détenteur des droits de la F1 depuis presque toujours, a souvent répété que la discipline était trop chère. La chaîne voulait renouveler son contrat de diffuseur mais pas au tarif de 31 millions d’euros par an comme dans sa dernière année. Il est vrai qu’aujourd’hui nous estimons que le prix payé est très élevé, voire trop élevé, admettait il y a un an Laurent-Eric Le Lay, directeur des acquisitions de droits sportifs du groupe TF1. Malgré le retour de pilotes français sur la grille de départ, les audiences n’ont pas bondi la saison passée, plafonnant autour de 3 millions de téléspectateurs par Grand Prix.
C’est une très belle acquisition, de tout premier ordre, puisqu’il n’y a pas, dans le monde du sport, de feuilleton de ce même niveau, a réagi Cyril Linette, le directeur des sports de Canal+. Cela renforce de surcroît ce que nous avons cherché à faire depuis deux ans, à savoir une vraie montée en gamme sur le sport. On est complètement dans cette stratégie, a-t-il ajouté.
Conséquence de l’irruption d’Al-Jazeera sur la scène française, Canal+, poussée par le besoin de continuer d’offrir du contenu premium à ses abonnés, explore d’autres territoires (le groupe Canal+ a déjà proposé de la F1 entre 1997 et 2002, mais en pay-per-view). Un vrai jeu de vases communicants. Al-Jazeera surenchérit sur Canal+ qui va chercher les droits des chaînes en clair. C’est ce qu’il s’est passé pour la Ligue des champions. Al-Jazeera a taillé des croupières à Canal+ qui, en réponse, a délogé TF1.
Fort de son succès, le responsable de la chaîne cryptée glisse dailleurs une pique à l’attention de beIN Sport. C’est aussi un signal fort face à beIN Sport qui a montré ses intentions assez impérialistes à notre égard. Ils ont joué carte sur table et montré leur agressivité. Cette agressivité est préoccupante parce qu’on a clairement l’impression de jouer un match face à un Etat. Canal+ est déterminé à faire face, a-t-il conclu. En commençant par détourner des téléspectateurs de beIN Sport ? Le dimanche, à 14 heures, jour de diffusion des Grands Prix de F1, est aussi un créneau horaire de la chaîne qatarie pour la retransmission d’un match de Ligue 1…
10 millions en frais de production
Des consultants à foison, de gros moyens techniques, pour Canal+ l’achat des droits de la Formule 1 (moyennant 29 millions d’euros par saison) s’accompagne d’une facture de production importante.
A chaque week-end de course (19 cette année), une vingtaine de journalistes et techniciens seront dépêchés sur place. Un dispositif qui devraient faire grimper la facture d’au moins un tiers pour la chaîne cryptée, soit pas loin de 10 millions d’euros à ajouter aux droits TV. C’est beaucoup d’argent, mais cela correspond à notre volonté de faire monter en gamme l’offre sport de Canal+. Nous avions envie depuis longtemps d’offrir ces courses à nos abonnés, et il faut maintenant assurer l’offre éditoriale la plus sexy et la plus sympa, détaille Cyril Linette, le patron des sports de Canal+.