La Ligue de football professionnel (LPF) prend la décision de devancer le terme de ses contrats avec ses diffuseurs pour relancer un appel à candidatures relatif aux droits de retransmission de la Ligue 1 et de la Ligue 2 entre 2016 et 2020. Une opportunité pour les diffuseurs actuels, comme le pense la LFP, ou un signe d’une panique chez les clubs en manque de fonds ? Ce sera en tout cas l’occasion de vérifier si le Paris SG et l’AS Monaco apportent effectivement une plus-value au championnat de France.
Le rugby a montré l’exemple. En décidant de rompre son contrat avec Canal+ pour tester le marché, la Ligue nationale de rugby (LNR), au terme d’une procédure pleine de rebondissements, a obtenu une revalorisation plus que substantielle de ses droits de retransmission. Pour repousser beIN Sports, Canal+ a quasiment fait banco avec 335 millions d’euros sur cinq ans. La somme ne contenterait personne au football, mais au rugby, c’est un doublement des droits annuels.
Le football français ne peut espérer doubler ses droits. Même si le contexte est porteur, comme le pense la LFP, avec la qualification des Bleus pour la Coupe du monde, une hausse des audiences télévisées (+4,9% le dimanche soir sur Canal+ et +10,8% le samedi à 17h) et surtout la présence d’un Paris Saint-Germain semblable à un porte-avions nucléaire et une équipe de l’AS Monaco qui s’est battue bec et ongles pour défendre ses privilèges fiscaux. En échange, le club de la Principauté doit verser une enveloppe de 50 millions d’euros et surtout attirer des stars pour faire reluire la Ligue 1. Nos clubs ont besoin de visibilité dans la conjoncture actuelle, avec la crise économique, la baisse du marché des transferts, le poids des charges sociales, la suppression du DIC (en 2009, ndlr), à quoi s’ajoute malheureusement la taxe à 75% qui va nous coûter 45 millions d’euros annuels pendant deux ans, défend Frédéric Thiriez, président de la LFP. Contesté il y a quelques jours par une partie des clubs, Frédéric Thiriez a trouvé une façon de rallier tout le monde avec ce lancement surprise. Jusqu’à surprendre les principaux intéressés. Président de l’OGC Nice, Jean-Pierre Rivère, a avoué avoir appris la nouvelle par la presse. Avec le cas Monaco, cela fait deux fois que l’on apprend les choses par la presse a réagi le président niçois sur RMC. Ce n’est pas possible. Monaco, cétait déjà un sujet important mais c’est une affaire close donc on n’en parle plus. Les droits TV, c’est fondamental pour l’économie des clubs. De plus, si certains sont salariés, il y a des présidents qui ont des fonds investis. C’est essentiel qu’il y ait sur des sujets comme celui-là une concertation de tout le monde, que chacun puisse s’exprimer et voter. Il faut très rapidement quun collège de tous les présidents de Ligue 1 et Ligue 2 soit convoqué pour débattre. Le président de la Ligue défend la fenêtre de tir. On a une situation jamais vue, avec Canal+ et beIN Sports, qui se portent bien. En dix-huit mois, beIN Sports a dépassé 1,8 million d’abonnés. Et Canal+ reste à un très haut niveau, avec 5,2 millions d’abonnés et une hausse de son résultat d’exploitation constante depuis dix ans.
Prévu normalement pour le premier semestre 2015, l’appel d’offres démarre donc dès aujourd’hui. Avec une conclusion attendue pour le 4 avril prochain. Les chaînes sont également prises à revers. Canal+ pourrait, comme cela s’était passé avec le rugby, contester la procédure devant les tribunaux. Une hypothèse qui n’effraie pas Frédéric Thiriez. Sur le plan juridique, rien ne nous empêche de lancer un appel d’offres aussi tôt.
Pas de remise en cause des contrats actuels
Comme pour le rugby, l’objectif est simple : profiter de la concurrence à couteaux tirés entre Canal+ et beIN Sports. Une concurrence pour les droits de retransmission, mais aussi une rivalité exacerbée depuis la note blanche envoyée par la chaîne cryptée pour dénoncer le conflit d’intérêts du Qatar, à la fois propriétaire du Paris SG et de beIN Sports. Ce duel doit tirer les droits vers le haut, après une baisse lors du dernier appel d’offres (pour la première fois) de 668 millions d’euros par an à 607 millions, dont 420 millions d’euros assumés par Canal+ et 150 millions par beIN Sports. Ce lancement anticipé ne remet pas en cause les contrats actuellement passés, qui courent comme prévu jusqu’à la fin 2016. On a une visibilité sur nos charges, on aimerait en avoir une sur nos revenus et on ne revient pas sur les contrats signés et en cours jusqu’en 2016, confirme Jean-Pierre Louvel, président de l’Union des clubs professionnels français (UCPF).
Entre la Ligue 1 et la Ligue 2, ce sont neuf lots qui sont mis en vente (six pour la L1, trois pour la L2). Canal+ et beIN Sports devraient s’arracher les trois principaux lots pour la L1. Le premier lot offre le premier choix sur 28 matchs de Ligue 1, 10 deuxièmes choix et 38 troisièmes choix. Les modifications notables portent sur les horaires des matches. Ceux de vendredi et du dimanche soir débuteront à 20h45 pour favoriser l’exploitation des stades. Le match du dimanche après-midi est fixé à 15 heures. Il y aura toujours cinq matches le samedi à 20h et cinq matches décalés. Les matches du samedi à 17h et du dimanche à 17h sont maintenus. La 19e journée, juste avant la trêve hivernale, fera l’objet d’un multiplex, tous les matches seront donc à la même heure.
En Ligue 2, les changements sont encore plus marginaux, avec le décalage d’un match du samedi de 14h à 15h.