L’appel d’offres pour la commercialisation des droits de retransmission des matches de l’équipe de France de football pour la période 2010-2014 a été déclaré infructueux par la Fédération française de football (FFF). Les Bleus ne font plus recette auprès des téléspectateurs. Les diffuseurs ne sont plus disposés à casser leur tirelire.
Et si l’équipe de France de football, le produit star de la télévision française, était victime de la baisse des droits TV annoncée depuis longtemps mais toujours contredite ? En lançant son appel d’offres pour les matches de qualifications des Bleus pour l’Euro 2012, plus ceux pour la Coupe du monde 2014 et les rencontres amicales, la Fédération française de football (FFF) savait qu’elle prenait un risque. La période n’est pas propice à des dépenses somptuaires. Aussi, apprendre que les propositions de TF1, l’actuel détenteur des droits, M6 et Direct 8, nouveau diffuseur des Espoirs, sont inférieures aux sommes proposées lors de la dernière mise à l’encan n’a rien de surprenant.
Depuis le dernier appel d’offres, TF1 verse 45,35 millions d’euros par an à la FFF. En pratique, chaque rencontre des Bleus coûte 5 millions d’euros à la Une. Un prix jugé trop important pour la chaîne, qui traverse une passe difficile en termes d’audience et de recettes publicitaires. D’autant que TF1 a déjà acquis au prix fort les droits de diffusion des deux prochaines Coupes du monde : 120 millions d’euros pour celle de 2010 et 130 millions pour celle de 2014. Deux compétitions pour lesquelles la France n’est pas encore qualifiée.
Pour franchir le rubicon économique, la fédération avait mis en vente chaque match selon un principe inédit. Pour chaque rencontre, la chaîne désignée devait payer un prix fixe correspondant au montant de l’offre financière de l’attributaire. Elle devait en sus verser une part variable indexée sur l’audience, fixée à 50 centimes par téléspectateur, avec un minimum fixé à 2,89 millions d’euros. TF1 et M6 ont jugé le système trop coûteux, estimant qu’il aurait permis à la FFF d’engranger plus d’argent que pour le contrat en cours. La réticence est d’autant plus forte que la cote des Bleus auprès des Français est à la baisse. Les deux derniers matches amicaux contre le Nigeria et la Turquie ont touché le fond de la piscine avec 5,3 millions de téléspectateurs face à la Turquie, pour 22% de part de marché. Deux matches il est vrai mal programmés (un mardi et un vendredi soir et alors que la saison était terminée) et alors que la FFF n’a toujours pas pris acte du désamour existant entre son sélectionneur, Raymond Domenech, et le public. En moyenne, la saison des Bleus a tout juste été correcte avec 7,2 millions de téléspectateurs et 32% de parts de marché.
Cela ne consolera sans doute pas la FFF, mais le revers essuyé avec son appel d’offres, n’est pas un cas isolé. TF1 et M6 avaient déjà refusé de surenchérir pour les droits de l’Euro 2012. Leur offre actuelle représente la moitié des 100 millions d’euros versés pour la précédente édition. Car les deux chaînes font désormais cause commune sur ce type de transaction, laissant le chacun pour soi de côté pour réduire la note. Les négociations sont toujours en cours. Canal Plus et TF1 ont fait aussi baisser les prix sur la Ligue des champions (25 millions d’euros par an pour TF1 contre 30 millions auparavant). Enfin, France Télévisions a obtenu une ristourne de 20% sur la Coupe de la Ligue (10,5 millions d’euros). Une vraie-fausse négociation. Seul en lice, le service public pouvait sans doute faire baisser un peu plus encore le prix. On pourrait d’ailleurs s’étonner de l’absence de France Télévisions pour l’équipe de France. Le groupe préfère se concentrer sur le renouvellement des droits de Roland-Garros et du Tour de France, plus service public que le football. A quoi bon dès lors, continuer à maintenir en vie la Coupe de la Ligue ? Passons.
Puisque les propositions financières n’ont pas atteint le prix de réserve fixé par la FFF, celle-ci va relancer le processus sous formes de négociations de gré à gré. Mais ce sera sans France Télévisions. Je ne vois pas ce qui pourrait nous pousser à négocier alors que nous avions décidé de ne pas répondre à cet appel d’offres, indique Daniel Bilalian, Directeur des Sports de France Télévisions, à L’Equipe. Nous avons d’autres priorités, avec des contrats à renouveler prochainement. Il a au moins le mérite d’être clair.