L’Italien Marcello Lippi, champion du monde avec la Squadra Azzurra en 2006, va prendre en charge la sélection chinoise. Même si Lippi devra réaliser un exploit pour la qualifier pour la Coupe du monde 2018, sa nomination est un nouveau symbole des ambitions (sans limite ?) de la Chine.
Avec Marcello Lippi, 68 nas, la Chine s’offre un sélectionneur prestigieux. Mais la tâche qui l’attend est immense. La Chine, 84e au classement FIFA, n’a pris qu’un point en quatre matchs des qualifications. Elle est dernière du groupe A de la zone Asie, derrière l’Iran, l’Ouzbékistan, la Corée du Sud, la Syrie et le Qatar. Mais si la Chine affiche ses lacunes sur le plan sportif, la Chine version économique joue les bulldozers. En 2011, le président Xi Jinping, grand amateur de football, a émis trois vux : voir la Chine se qualifier pour la Coupe du monde, l’organiser et, si possible, la gagner. Même si le football n’est pas le sport le plus populaire du pays, les clubs chinois ont compris le message. Ils sont devenus des acteurs du marché des transferts. Ils sont même des concurrents des clubs européens, dépensant des fortunes pour attirer des joueurs. Une étude de l’agence Nielsen Sports souligne à quel point la Chine cherche à se faire une place dans les nations qui comptent. L’intérêt pour le ballon rond dans le pays le plus peuplé de la planète (1,37 milliard d’habitants) croît plus vite que pour tous les sports concurrents qui le devancent (basket-ball, tennis de table et badminton), selon l’étude. Le niveau d’adhésion au football a progressé de quatre points en trois ans, soit 31% de la population urbaine, à comparer aux 40% de Chinois qui aiment le basket, un chiffre en quasi stagnation.
Cette popularité croissante résulte d’une stratégie d’investissements massifs décidée au plus haut niveau de l’Etat. La liste des clubs et des agences sous contrôle chinois a considérablement augmenté au cours des deux dernières années, note l’étude. De même, la Chinese Super League devient de plus en plus importante comme l’illustrent les nombreux transferts réalisés ces derniers mois.
13 clubs européens rachetés en deux ans
Les dépenses en transferts ont atteint 168 millions de dollars en 2015 contre 102 millions en 2014 (+65%). Surtout, les clubs chinois dépensent désormais en Europe plus que partout ailleurs (+105%), preuve des moyens mis à leur disposition par les entreprises qui les contrôlent. Menés par des stratégies développées au niveau du gouvernement, les entreprises et les entrepreneurs chinois posent leur empreinte sur le sport international comme jamais auparavant, constate Glenn Lovett, Global President of Strategy de Nielsen Sports. Le football, sport le plus populaire et qui offre la plus forte visibilité au niveau mondial, affirme son pouvoir d’attraction. En effet, la liste des clubs et des agences sous contrôle chinois a considérablement augmenté au cours des deux dernières années. Les marques chinoises basant une partie de leurs stratégies de croissance sur l’association au sport se concentrent moins sur le sponsoring classique. Elles vont davantage se tourner vers la création ou l’achat dactifs ou de contenus, comme par exemple des droits de diffusion, des agences, des joueurs ou des équipes, estime l’agence.
Nielsen rappelle que la première équipe rachetée sur le Vieux Continent, le club néerlandais d’ADO La Haye, l’a été en 2014. Deux saisons plus tard, ce sont 12 clubs qui sont passés – partiellement ou complètement – sous pavillon chinois, dont trois britanniques (City Football Group -la société qui administre Manchester City-, West Bromwich Albion et Aston Villa), deux italiens (AC Milan et Inter Milan), deux espagnols (Atlético de Madrid et Espanyol Barcelone), un tchèque (Slavia Prague) et trois clubs français avec Lyon (via une entrée dans le capital à hauteur de 20%), Nice et Sochaux. Quatre même depuis la parution de l’étude avec le rachat de l’AJ Auxerre et donc 13 clubs rachetés depuis deux ans.