Quand on parle de reconversion des joueurs de tennis, on pense au Suédois Bjorn Borg, à l’Américain Patrick McEnroe ou au FrançaisYannick Noah. Ils ont chacun choisi une voie différente. Le plus souvent avec de la réussite. Mais on oublie presque toujours Ion Tiriac. Peut-être parce que le Roumain a surtout été un joueur de double et que sa carrière a véritablement décollé lorsqu’il a rangé sa raquette. Touché par la crise de ces derniers mois, l’ancien tennisman a bâti un empire.
Né le 9 mai 1939, Ion Tiriac est à présent un influent homme d’affaires. Il est le premier Roumain entré dans le classement des milliardaires du monde recensé par la revue américaine Forbes. C’était en 2007. L’ancien tennisman figurait alors en 840e position, avec une fortune estimée à 1,1 milliard de dollars. Son patrimoine, il l’a bâti dans l’automobile, l’assurance et l’immobilier. Et ce, sans jamais quitter l’univers du tennis. Vainqueur des Internationaux de France de Roland-Garros en double avec son compatriote Ilie Nastase en 1970, Ion Tiriac s’est surtout fait connaître comme le manager de Guillermo Villas et Boris Becker. Deux monstres du tennis. Homme multicartes, il deviendra en 1999 le président du Comité national olympique de Roumanie. Côté affaires, il va pleinement profiter de la chute du communisme dans son pays. Après la Révolution roumaine, il va investir massivement.
En 1990, il a acquis le droit de représenter la marque Mercedez-Benz dans son pays. Un coup de maître. En 2008, ses concessionnaires vont écouler plus de 8.800 véhicules sur le deuxième plus important marché d’Europe de l’Est pour les marques du groupe (Mercedes, Smart, Jeep, Chrysler, Dodge et Mitsubishi). Mais avec la crise, le marché automobile s’est écroulé pour celui qui est aussi le créateur de la première banque privée de Roumanie, Banca Tiriac (désormais baptisée UniCredit Tiriac Bank). Avec le ralentissement de ses activités sur le marché automobile (il détient également 40 magasins de pièces détachés), Ion Tiriac est contraint de vendre une partie de son empire. Le groupe allemand Daimler vient de lui reprendre 49% de Mercedes-Benz Romania pour un montant estimé entre 50 et 80 millions d’euros, selon Les Echos.
En charge du Masters de tennis de Madrid, dont il ambitionne de faire un concurrent direct de Roland-Garros, Tiriac est également présent dans l’assurance au travers d’Allianz-Tiriac Asigurari. L’immobilier fait également partie de ses activités. Selon le quotidien économique, celui qui a aussi été le manager de Steffi Graff possèderait plus de 150 hectares à Bucarest. Avec autant de cordes à arc, son conglomérat, Tiriac Hodlings, aurait réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 2,2, milliards d’euros, en hausse de 37,5%. Je n’ai pas peur car j’avais vu la crise venir et j’ai assez de liquidités pour avaler cette pilule. La crise m’a coûté de l’argent, mais je peux survivre sans vendre d’appartements, expliquait-il récemment.