Le peloton cycliste n’arrête pas de bouger. Entre les transferts de coureurs, les départs et arrivées de partenaires ou encore les fusions entre équipes observées au cours des derniers mois, on remarque le rôle crucial pris par les marques de cycles.
Cadel Evans ? Environ 3 millions d’euros par an. Philippe Gilbert ? Dans les mêmes eaux. Et Thor Hushvod ? Plus d’un million d’euros par an. Ces trois coureurs cyclistes, de trois nationalités différentes (un Australien, un Belge et un Norvégien) vont assommer les courses cyclistes en 2012. Un homme les a rassemblés sous les mêmes couleurs pour disposer de la meilleure équipe du monde. Cet homme c’est Andy Rihs. Non content d’avoir fait fortune avec les appareils auditifs Phonak, le Suisse a fait changer de dimension BMC (Bicycle Manufacturing Company), un fabricant de cycles qui se paie le luxe d’aligner une équipe cycliste professionnelle au budget stratosphérique de 20 millions d’euros sans en avoir les moyens : BMC a écoulé… 30.000 vélos en 2010 ! A tous ceux qui le critiquent pour son investissement démesuré, Andy Rihs a cette réponse toute faite : Je ne sponsorise pas une équipe parce que je suis un passionné de vélo. J’ai une équipe cycliste pour faire du business et je suis passionné par ce business. Avec la victoire de Cadel Evans dans le dernier Tour de France, le Suisse a atteint son but en offrant une visibilité maximale à sa marque BMC. Aurait-il obtenu le même résultat en étant fournisseur d’une autre formation ? Le Suisse se rappelle de l’expérience Phonak. Son ancienne équipe roulait déjà avec des vélos BMC, mais qui s’en souvient ? Avec ce genre de partenariat, constate-t-il, on peut changer le produit par un autre sans que personne ou presque s’en aperçoive.
Aujourd’hui, BMC vend moins que Trek ou Specialized, mais le fabricant peut se vanter d’être la seule marque à donner son nom à une équipe professionnelle. Ses concurrents dans le peloton tentent de reprendre la main. Trek et Specialized ne sont pas pour rien dans les opérations de fusion entre équipes qui ont secoué le peloton (RadioShack avec Leopard pour Trek, Omega Pharma et Quick Step pour Specialized). Et lorsque les marques ne poussent pas les équipes à se rapprocher, elles oeuvrent directement pour aiguiller le recrutement. Fournisseur des équipes Astana, Saxo Bank-SunGard et HTC-Highroad, Specialized avait pris en charge une partie du salaire de l’Espagnol Alberto Contador chez Astana et continue à le faire avec Saxo Bank. L’équipe HTC dissoute, Specialized a investi sur l’Allemand Tony Martin pour qu’il rejoigne la nouvelle formation Omega Pharma-Quick Step. Cette nouvelle formation ne roulera donc plus sur les vélos de la marque belge Eddy Merckx. Ceux-ci équipaient depuis deux ans l’équipe Quick Step. Sans regret pour le fabricant belge qui n’aura plus pourtant de visibilité au plus haut niveau. Grâce à Quick Step nous avons placé notre marque sur la carte mondiale et prouvé que nos vélos figuraient parmi les plus développés techniquement et les mieux conçus du peloton, indique Kurt Moons, le PDG de la marque.