Le marché des transferts s’est ouvert en NBA. Un marché particulier cet été par le nombre important de joueurs free agents (libres de tout contrat) et surtout par le CV des joueurs en question, à commencer par LeBron James, le facteur X de ce marché. De sa décision de rester ou non à Cleveland dépend l’avenir de plusieurs autres joueurs. Les clubs se préparent depuis des mois, sacrifiant les résultats sportifs pour dégraisser leur masse salariale. L’occasion de survoler les particularités et les contraintes des franchises américaines pour recruter.
En ce moment, les journaux d’outre-Atlantique ne parlent que de ça : salary cap, luxury tax, restricted free agent, etc. Des termes qui ont, pour nous Européens, autant de sens que l’arrêt Bosman pour les Américains…
Prenons les choses par le début et intéressons-nous au salary cap. Une chimère de ce côté de l’Atlantique, une réalité pour les franchises sportives aux Etats-Unis. Cette limitation de la masse salariale, ou plutôt son plafonnement, empêche une même équipe de réunir les meilleurs joueurs. Concrète-ment, le Real Madrid n’arriverait pas à engager un Ballon d’Or par an. En théorie. Cette limite est fixée saison par saison, et dépend directement du niveau de revenus de la NBA. Pour la saison 2009-2010, son montant était de 57,7 millions de dollars (58,68 millions la saison précédente, point culminant des cinq dernières années). Pour la calculer, la NBA se base sur le montant anticipé de ses revenus de la saison à venir. La ligue prend une fraction de ce chiffre (51% depuis plusieurs saisons), et enlève le profit anticipé pour elle, ce qui donne une masse salariale totale théorique avant d’être partagée entre les 30 formations de la NBA. Il existe une seconde limite appelée luxury tax ou taxe de luxe. Son principe est simple : une équipe dispendieuse paie 1 dollar de luxury tax pour chaque dollar de salaire versé au delà de cette limite. Pour cette saison, la limite était de 69,92 millions de dollars. Les LA Laker, champions ces deux dernières saisons, ont plus que dépassé cette limite. Avec une masse salariale supérieure à 91 millions de dollars, les Lakers se sont acquittés de 21,43 millions de dollars de pénalité. Le montant total des taxes collectées est redistribué aux franchises selon divers critères, en privilégiant les franchises vertueuses.
Mais toutes ces règles ont leurs exceptions. Il en existe une bonne dizaine en NBA. La plus connue est la Larry Bird Exception. Elle permet à une équipe de resigner un de ses agents libres, pour 1 à 6 ans, en lui offrant jusqu’au salaire maximum tout en dépassant le salary cap. A condition que ce joueur ait passé au moins trois ans sous contrat avec son équipe. Cette exception a ses variantes avec la Early Bird Exception (pour les joueurs sous contrat depuis moins de deux ans) et la Non-Bird Exception (pour les joueurs non éligibles aux deux précédentes). La Mid-Level Salary Exception n’est pas mal non plus. Une franchise peut signer n’importe quel joueur sans contrat au salaire moyen en NBA (5,854 millions de dollars pour la saison écoulée) pour un contrat de 1 à 5 ans. Etc. A chaque cas, son exception. Même pour un joueur débutant (un rookie), une franchise peut dépasser le salary cap avec la Rookie Exception. L’idée ici étant de permettre dans tous les cas à une équipe de recruter ses rookies (uniquement au premier tour de la draft), même si elle est au delà du salary cap. Sans parler de la règle des joueurs blessés, non comptabilisés dans la masse salariale ou du Reinstatement. Cette dernière subtilité permet de faire re-signer un joueur banni précédemment de la NBA aux conditions de son contrat initial.
Le jeu consiste donc pour les franchises à contourner intelligemment les limites imposées. En résumé, la Larry Bird Exception favorise la resignature d’un joueur dans son équipe d’origine. Au contraire, pour faire venir une superstar, impossible de faire jouer une exception : il faut obligatoirement avoir la place sous le salary cap. Simple, non ?