Via une campagne dans les médias, deux importants opérateurs de jeux en ligne ont demandé cette semaine un assouplissement de la réglementation des paris sportifs en France, dénonçant notamment une fiscalité trop lourde.
La loi française est la pire d’Europe, assure au Figaro Stéphane Courbit, président du conseil d’administration et actionnaire à 50% du nouvel ensemble BetClic Everest Group (voir ci-dessous) qui dispose de trois agréments (paris sportifs, paris hippiques et poker) sur le marché français. Selon lui, la loi ne nous permet pas d’exister : nous sommes trop taxés, le périmètre des jeux est trop limité et le taux de retour aux joueurs (les sommes qui reviennent aux joueurs après les taxes et les bénéfices de l’entreprise, soit 85% aujourd’hui en France) trop bas. L’activité de paris sportifs en France devrait perdre 25 millions d’euros, indique Stéphane Courbit. Carlo Costanzia, président de Bwin.fr, va dans le même sens. Il affirme au Parisien-Aujourd’hui en France que pas un seul opérateur ne devrait afficher de bénéfices cette année en France alors que l’opérateur autrichien détient deux licences sur le marché français (paris sportifs et poker). Bwin avait annoncé la semaine dernière avoir enregistré une perte opérationnelle de 6,2 millions d’euros au 3e trimestre 2010 (contre un bénéfice de 8,2 millions à la même période en 2009), perte liée, selon lui, notamment à des dépenses exceptionnelles associées à l’entrée sur le marché français. Carlo Costanzia demande lui aussi un assouplissement de la loi et un élargissement de l’offre avec l’autorisation de pouvoir proposer des jeux de casinos, de grattage et de loterie en ligne.
Depuis le 8 juin, date de l’ouverture officielle du marché des jeux en ligne, 46 agréments (23 pour le poker, 15 pour les paris sportifs et 8 pour les paris hippiques) ont été accordés à 33 opérateurs par l’Autorité de régulation des jeux en ligne. Les jeux de casinos – à part le poker – de grattage et de loterie (Loto, Euro Millions …) sont réservés aux 197 casinos français et à la Française des jeux.
Vilotte : Trop tôt pour tirer un bilan
Nous ne sommes que cinq mois après l’ouverture du marché, qui n’est pas encore stabilisé, répond Jean-François Vilotte, le président de l’Autorité de régulation des Jeux en ligne (Arjel). Il est donc trop tôt pour tirer la sonnette d’alarme. Selon lui, l’offre illégale est devenue marginale, ce qui était le but avoué du législateur en promulguant la loi sur les paris en ligne. Une affirmation difficile à vérifier et contestée par certains opérateurs.
En résumé, les opérateurs à qui on avait promis la lune découvrent que le marché français recèle plusieurs pièges dont la fiscalité ou le droit au pari (dispositif unique en Europe) ne sont que quelques-unes des composantes d’un marché naissant et donc, par la force des choses, encore immature. Stéphane Courbit peut bien menacer d’arrêter ses investissements publicitaires à la télévision ou de réduire de 80% ses investissements de sponsoring sportif en 2011 sans assouplissement de la loi, il devra prendre son mal en patience. La révision de la loi du 8 juin 2010 n’aura pas lieu avant fin 2011. D’ici là, le marché devrait connaître quelques soubresauts encore.